Famille

Fiche no 38.
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Passifloraceae (Roussel) A. L. Jussieu 1806

Publication : Flore du Calvados (ed. 2) 334 (30 May 1806).
Type : Passiflora L. - Species Plantarum 2: 955-960 (1753).

Classification

  • Division : Spermatophytes (plantes à graines).
  • Subdivision : Angiospermes (graines recouvertes d'une ou plusieurs enveloppes).
  • Classe : Dicotylédones (plantules possédant deux feuilles primitives appelées cotylédons).
  • Ordre : Violales

Étymologie

Passifloraceae : Nom de famille dérivant du genre le plus important de la famille : Passiflora. C'est Linné qui publie et officialise le nom de genre Passiflora, à partir du latin passio, souffrir la passion (de Jésus-Christ), et du latin flora, fleur. Le nom Passiflora avait déjà été utilisé en Amérique du Sud par les premiers missionnaires, qui avaient vu dans les organes de cette fleur, l'ensemble symbolique des éléments marquants de cet épisode de la bible. Les filaments de la couronne de la fleur rappellent la couronne d'épine, les trois styles du pistil évoquent les clous qui fixèrent Jésus sur la croix, et l'ovaire, le marteau qui les planta.

Description

Riche de 600 espèces, la famille de la passiflore abrite des lianes et des arbustes. Seul le genre Adenia comprend des espèces succulentes, pour la plupart caudiciformes.

Les Passifloraceae sont des plantes grimpantes herbacées ou ligneuses à vrilles axillaires, arborescentes ou arbustives. Les lianes les plus longues peuvent atteindre une longueur de 40 mètres. Les tiges sont glabres ou velues, avec parfois une présence d’épines. Ces épines, outre l’aspect défensif, permettent aux espèces sarmenteuses de se hisser parmi la végétation alentour. Les feuilles sont alternes, généralement simples, entières à dentées-serrées ou lobées. La nervation est généralement palmée. Il y a présence de stipules (souvent caduques) et de nectaires sur le pétiole. Les vrilles présentent chez les espèces grimpantes sont des pédicelles avortés (le pédicelle étant le rameau raccordant la fleur à la tige).

L’inflorescence est déterminée, indéterminée, ou réduite à une fleur solitaire axillaire. On note quelques cas de cauliflorie (littéralement fleur sur le tronc) en forêt tropicale humide.
Les fleurs sont de couleur rouge, blanche, verte, bleue ou pourpre (ou un mélange de plusieurs de ces couleurs). Elles sont régulières et généralement bisexuées avec un hypanthium (structure tubulaire ou en coupe formée par la fusion du réceptacle floral et de la base des sépales, pétales et étamines) souvent associé à de grandes bractées. Dans le cas d’espèce unisexuée, la plante est généralement monoïque (Seul les Adenia sont dioïques). Le pédoncule, à fleur unique est soudé et muni de 3 bractées. Il y a 4-5 (-6) sépales libres ou soudés à la base. Les pétales au nombre de (3-) 4-5 (-6), sont libres ou soudés à la base, ou occasionnellement absents. Entre les pétales et les étamines, se situe la couronne, formation particulière aux Passifloraceae. Elle est constituée d’un ou plusieurs rangs de filaments et de membranes plus ou moins allongés. Les pièces sexuelles (étamines et gynécée) sont portées par un androgynophore, prolongement du pédoncule floral au dessus du périanthe (ensemble des sépales et pétales). Les étamines sont généralement aussi nombreuses que les pétales et souvent opposés à ceux-ci. L’ovaire est supère, uniloculaire, avec 3 à 5 placentas pariétaux et de nombreux ovules. Les stigmates sont discoïdes ou capités. Les styles sont libres ou soudés.
Le fruit est une baie indéhiscente ou une capsule loculicide. Les graines souvent aplaties sont enveloppées d’un arille pulpeux. L’embryon est droit.

Culture

Nous n’aborderons ici que la culture des espèces succulentes.
La culture des Passifloraceae succulentes reste assez classique. Il leur faut un maximum de lumière toute l’année (idéalement en serre) et une bonne aération autour des plantes évitant les brûlures lié au soleil et les maladies cryptogamiques. Une majorité des Adenia succulents poussant au milieu de la végétation préférera avoir une situation un peu ombragée. Les tiges pouvant se trouver en pleine lumière. Cette situation se trouvera facilement dans une serre où l’on placera le pot directement sur le sol en palissant les tiges avec des fils de cuivre ou des tuteurs. Il faut se méfier des coups de soleil sur les caudex si l’on sort les plantes à la belle saison. Seule une bonne observation des plantes en culture permettront d’ajuster au mieux : l’étiolement (allongement excessif des entre-nœuds) ou au contraire des brulures du feuillage devront alerter. Maintenir ces plantes au frais en hiver, mais ne pas descendre en dessous de 10/12°C. Les arrosages seront prodigués avec prudence même pendant la belle saison. Bien laisser sécher le substrat entre deux arrosages. La présence de feuilles en saison végétation chez ces succulentes aident le jardinier à gérer les arrosages : des feuilles tombantes et flasques interpellent en indiquant un manque d’eau. A ne pas confondre avec la perte normale des feuilles en fin de saison de végétation (période sèche), se situant chez nous approximativement vers octobre. Les arrosages reprennent vers mars.

multiplication :
La reproduction se fait par semis au printemps avec une méthode classique.

Anecdotes

Taxonomie et évolution
Cette famille est riche de 18 genres, Passiflora étant le plus important de la famille. Les genres Smeathmannia, Soyauxia et Barteria, arbustes africains au port érigé, sont considérés comme les membres les plus primitifs de la famille. Ils rattachent les Passifloraceae aux Flacourtiaceae. Les 2 familles ont des ovaires à placentation pariétale, mais les Passifloraceae sont considérées comme plus évoluées en raison de quelques caractères : un calice pérygine, une couronne et des vrilles. Les Passifloraceae sont également très proches des Cucurbitaceae et des Loasaceae (confirmé par des travaux récents).

Le monophylétisme (taxons dérivant soit les uns des autres soit d’un ancêtre commun) des Passifloraceae est argumenté principalement par la présence de la couronne dans la fleur (De Wilde 1971, 1974).
Le sous-genre Paropsieae, plantes arbustives dépourvus de vrilles, représente sans doute un complexe de base paraphylétique dans la famille (paraphylétique : se dit d'un taxon constitué de l'ancêtre commun le plus récent et d'une partie, seulement, de sa descendance.).
Le sous-genre Passifloreae, au contraire, est nettement monophylétique, comme en témoigne le port grimpant, les vrilles axillaires et les fleurs spécialisées. Ces fleurs sont par ailleurs l'exemple même de fleurs tropicales surévoluées mais dont le modèle n'a pas été retenu par l'évolution. Les Adenia se situent dans ce groupe.

L’important polymorphisme chez ces plantes a mené à des descriptions abusives. Actuellement, on situe le nombre d'espèces à environ 600 dont 400 pour les Passiflora et 100 pour les Adenia. Un travail de fond reste à réaliser sur la valeur des espèces et sous-espèces décrites.

Diversité de feuillages
Le genre Passiflora comprend la plus grande diversité de feuillages que l’on puisse rencontrer au sein d’un même genre, et ce, à l’échelle mondiale. Une des origines de cette diversité foliaire est attribuée à un phénomène de coévolution :

Coévolution entre le papillon Heliconia (Heliconius spp.) et les Passiflores (Passiflora spp.) :
Il a été démontré expérimentalement (L. Gilbert, 1991) que les Heliconius étaient capables de reconnaître et de mémoriser des formes. C'est à la forme de sa feuille qu'ils reconnaissent l'espèce de Passiflora sur laquelle ils doivent pondre. Avec le temps, il s'établit une sorte d'équilibre dans lequel chaque espèce d'Heliconius adopte, pour nourrir ses chenilles, une espèce de Passiflora, et une seule. « De manière intuitive », si l'on peut s'exprimer ainsi, les Passiflora semblent conscientes de l'aptitude de l'aptitude des Heliconia à reconnaître la forme de leurs feuilles et qu'elles tendent, par conséquent à modifier cette forme autant que possible, ce qui leur permettrait d'atténuer, voir d'éviter, la prédation par les chenilles sur les feuilles. Le but initial de la plante étant d'arriver à la reproduction. Si la plante est trop « consommée » par les chenilles, ce but risque de ne pas être atteint.
Une Passiflora dont la feuille diverge le plus de la forme « normale » de l'espèce aura donc plus de chance de se reproduire. On peut donc interpréter de cette manière la grande diversité de feuillage que l'on observe au sein des Passiflora.
Autre subterfuge, Les Heliconia ont pour habitude de pondre sur des feuilles indemne de ponte, dans l'idée que trop de larves sur les mêmes feuilles mèneraient rapidement les larves à l'état de famine. C'est ainsi que certaines Passiflora présentent à la surface des feuilles des appendices imitant une ponte d'Heliconia.
Ce « combat » permanent entre les Passiflora et les Heliconia continuent à l'heure actuelle. Les naturalistes se rendant dans les régions tropicales pourront observer des plantes atypiques, et qui sait, seront à l'origine d'espèces nouvelles.

Pollinisation et dispersion des fruits
Les filaments de la couronne souvent très colorés, attirent et guident les pollinisateurs vers le nectar. Les fleurs des Passifloraceae sont visitées par une foule de pollinisateurs : papillons, abeilles, guêpes, mites, oiseaux et chauves-souris. L’autoincompatibilité est une caractéristique de la famille. Les fruits juteux sont disséminés par les oiseaux

Ethnobotanique
Des glycosides cyanogènes ("sucres susceptibles de libérer de l'acide cyanhydrique, donc dotés d'une grande toxicité") sont présents chez plusieurs Passiflora et Adenia.

En apprenant les doses adéquates ou en choisissant des espèces plus ou moins toxiques, les hommes ont su tirer partie de ces plantes, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Au Kenya, Adenia volkensii a été utilisé par les locaux comme poison pour commettre des homicides. Des nombreuses espèces sont utilisées en médecine traditionnelle : infusion ou décoction de racines d'Adenia cissempeloïdes contre les troubles gastro-intestinaux.
En Guadeloupe, la « Marie-Bouja » (P. foetida) est utilisée comme hypotenseur, régulateur de la fonction hépatique et vermifuge. Au Congo, le jus des feuilles s’emploie en instillations nasales contre l’épilepsie, alors que la plante entière se prête à la préparation de cataplasmes pour soigner les affections bronchiques.
La tisane de fleurs de P. incarnata constitue un sédatif nerveux, déjà connu des aztèques mexicains.

Des utilisations ont aussi été trouvées pour la chasse et la pêche. Toujours au Kenya, le tubercule d’A. volkensii est utilisé pour tuer les hyènes, d’où son nom Kamba de « tueur de hyènes ». En Afrique Centrale et de l'Ouest, les tiges d'A. cissampeloïdes sont broyées et jetées dans l’eau, ce qui a pour but d'asphyxier le poisson.

Alimentation
Entre 50 et 60 espèces de Passiflora ont des fruits comestibles, mais peu sont cultivées dans un but commercial. Originaire d’Amérique du Sud (Paraguay, Argentine et Brésil), le fruit de la passion, P. edulis est désormais cultivé de partout dans les régions chaudes. On distingue 2 sous-espèces : P. edulis var. ‘edulis’ et P. edulis var. ‘flavicarpa’. La première sert principalement à la fabrication de jus de fruits. La deuxième, à fruits moins acides, moins gros et moins parfumés est surtout consommée fraiche. Cuit avec du sucre et réduit en sirop, le fruit de la passion sert à préparer des coulis, des soupes, des crèmes glacées et des desserts. Au Costa Rica, on en fait un vin (parchita seca).
La barbadine (Passiflora quadrangularis), est plus exigeante en température que l’espèce précédente mais a des fruits devenant plus gros, atteignant jusqu’à 25cm de longueur et peser jusqu’à 4Kg. Les racines de cette espèce sont parfois consommées et s’accommodent de la même façon que les ignames.
Alors que les fruits de Passiflora sont couramment consommés à travers le monde, les fruits d'Adenia sont en général toxiques.
Autre espèce très consommée pour ses fruits, le curuba (P. mollisima) ne pousse que sous les climats tempérés des hauts plateaux andins entre 2000 et 3000m (du Venezuela à la Bolivie) et en Nouvelle-Zélande où elle a été introduite. C’est dans ce dernier pays que l’on s’en sert pour réaliser des préparations condimentaires, garnir des feuilletés ou encore fabriquer des marmelades.

Les feuilles de P. mexicana et de P. holosericea ont été utilisées comme succédané de thé en différents pays, de même qu’Adenia rumicifolia en Angola ou l’on consomme ses feuilles en décoction.

Croyances
Plusieurs espèces font l'objet de croyances. Au Gabon, l'Adenia lobata constitue un fétiche protecteur des villages : c'est une liane « magique » qui a été utilisée dans les pratiques de sorcellerie.

Passiflores ornementales
Les passiflores furent introduites en Europe au XVIIIème siècle. Le 1er cultivar fut obtenu en 1820. Comme ces plantes se croisent aisément, on en compte aujourd'hui des centaines. L'espèce la plus communément cultivée dans les jardins en France est Passiflora caerulea, considérée comme la plus rustique sous nos climats.

Espèces en voie de disparition/invasives
Les espèces en voie de disparition sont essentiellement des espèces endémiques d’un territoire restreint ou subissant les campagnes de déforestation. Citons quelques exemples :
Adenia barthelatii, arbuste lianescent des en forêts tropicales humides de l’île de Mayotte.
Passiflora foetida var. moritziana, qui n'est connue que de quelques stations aux environs des Hattes (zone côtière au Nord de la Guyane).
Adenia firingalavensis et Adenia olaboensis, espèces des zones sèches de Madagascar font l’objet de quota d’exportation à destination des horticulteurs mondiaux. Ces 2 espèces figurent dans l’annexe 2 de la CITES.

Quelques Passiflora se sont échappées des jardins ou des cultures. Certaines d’entres elles sont classées comme invasives. Passiflora suberosa, en est sans doute la plus connue. Elle est désormais un fléau dans toutes les régions tropicales où elle a été introduite.

Répartition géographique

Famille répandue dans les régions tropicales et tempérées chaudes du monde. Adenia, seul genre comportant des espèces succulentes est limité à l’Est et au Sud de l’Afrique, en incluant Madagascar et les Seychelles.

Ecologie
Les Passifloraceae ont investi des milieux assez diversifiés allant des régions arides aux forêts tropicales humides. Les espèces succulentes peuvent se rencontrer dans les régions arides ou semi-arides, en milieux ouverts ou mélangés à la végétation dans des fourrés arbustifs. Les tiges sarmenteuses ou grimpantes se hissant alors au-dessus de la végétation.

Publications spécialisées

W.S. Judd, C.S. Campbell, E.A. Kellogg, P. Stevens, Botanique systématique, une perspective phylogénétique, ed. De Boeck, p278-280 (2002).G.D. Rowley in U. Eggli, Illustrated Handbook of Succulent Plants, Dicotyledones 68, Illust. LI h, LII a, b, c, d, e, f et g (2002).

Auteur

jeff (contacter l'auteur ou écrire aux admins de l'encyclopédie)
Fiche créée le 17/01/2011, mise à jour le 09/04/2012.


Genres de la famille Passifloraceae

Aucune.

Fiches de botanistes :

image disponible Jussieu, Antoine Laurent de