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Apprendre à mieux connaître et à aimer les Agaves

John Pilbeam nous présente ici sa conversion à l'amour des agaves à la suite de ses observations d'espèces dans l'habitat, que ce soit dans le sud des États-Unis ou bien au Mexique.
Photographies par l'auteur et Bill Weightman
5l CHELSFIELD LANE, ORPINGTON, KENT, BR5 4HGM


Mon apprentissage dans la découverte des Agaves remonte en fait aux [commence vraiment dans les] années 80. Auparavant, je les considérais plutôt comme peu [ je ne les trouvais pas très ] intéressantes, pour la plupart de taille inadéquate pour une culture aisée [pas assez petite (ou trop grande) pour être cultivées dans une petite serre] en serre, [pas gentille avec moi quand je les rempotais], franchement agressives avec leur épines envers les autres pensionnaires de mes étagères, dangereuses pour les enfants ou les visiteurs peu méfiants, demandant progressivement de plus en plus de place au fur et à mesure de leur croissance (redondance), les espèces les plus attrayantes comme difficilement accessibles dans le commerce,…. pour finalement, et par dessus tout, si elles atteignaient l' âge de fleurir, mourir après cette unique floraison !

Je visitais donc les USA et le Mexique dans les années 80 avec une réelle indifférence pour ce genre et la ferme intention de ne point m'y intéresser. Pourtant [Mais], j'avais comme compagnon de voyage un fanatique des agaves en la personne de Derek Bowdery, qui de surcroît (et bien que lui-même de taille…. modeste) [qui paradoxallement (étant lui même] appréciait par dessus tout les plantes à grand développement telles que les cactus columnaires, les Ferocactus ou bien les agaves. Plus c'était grand, plus il aimait !

La présence de Derek se révéla être néanmoins un avantage durant ces voyages. Contrairement à un autre compagnon, Bill Weightman, qui dès que son tour de conduite venait, était plutôt disposé, de par son impatience naturelle, à « appuyer sur le champignon » afin de rejoindre au plus vite notre destination du jour ; Derek, pour sa part, lorsqu'il conduisait, était toujours prêt pour s'arrêter dès qu'il apercevait une de ses (si facilement visibles) plantes favorites. C'est ainsi que, dans un esprit de compromis, nous effectuions d'assez fréquentes haltes durant lesquelles Derek tout à sa joie photographiait ses plantes favorites (jusqu'à parfois s'empaler sur certaines en reculant à l'aveuglette afin d'avoir un cadrage correct d'un sujet de grande taille…. ce qui nous faisait bien rire) ; Bill grimpait avec entrain et impatience sur quelque colline voisine afin de voir ce qu'il y avait ensuite, quand pour ma part je fouillais à quatre pattes parmi les rochers à la recherche de cactus moins impressionnants en taille comme les Mammillaria par exemple.

Peu à peu, je devins convaincu (pas beau) que les agaves que nous rencontrions durant nos expéditions étaient finalement des plantes magnifiques. Si la plupart étaient de taille trop imposante pour être cultivées et contemplées en collection (même si Derek serait d'avis contraire…), je fus de plus en plus enclin à apprécier ces ravissantes formes en rosettes rappelant d'autres genres de plantes succulentes. Par dessus tout, je devins fasciné par [tombais sous le charme de] ces empreintes uniques que laissent les feuilles sur les unes sur les autres au fur à mesure de leur émergence du cœur de la plante, empreintes révélées sur des feuilles se développant telles des épées aux dents acérés comme pour mieux se protéger de quelques attaques d'hommes ou de bêtes (voire “d'hommes bestiaux”…). Je me demande parfois si ce n'est pas la raison pour laquelle on voit tant de borgnes parmi les Mexicains …

Nous vîmes des espèces de dimensions plus modestes, et peu à peu mon intérêt augmentait [crût] suffisamment pour que j'interroge Derek sur [je demande à Derek] leurs noms. Ses réponses, parfois évasives, me laissèrent à penser qu'il était parfois délicat pour lui de les identifier avec précision, mais il lui arriva à plusieurs reprises de nous donner des noms qui s'avérèrent par la suite exacts…[il avait clairement fait ses devoirs à la maison avant le voyage.] La première agave vue aux USA fût A. desertii, et il m'avait été demandé de la photographier pour qu'un artiste anglais puisse en réaliser une illustration destinée à une série de timbres-poste américains. Ensuite, nous vîmes la majestueuse A. shawii dans le nord de la Basse-Californie (Mexique), avec des rosettes d'environ un mètre de large, et de superbes bouquets de fleurs jaunes disposées de part et d'autre de leur épaisse hampe florale de 3 ou 4 mètres de haut, entourées de colibris y butinant le nectar. Puis ce fut A. scabra un peu plus au sud dans la péninsule, et l'énorme A. promontoryii dans la région du Cabo San Lucas, partie méridionale de cette terre riche en succulentes.

Il y en a une dont je me souviens particulièrement. Nous l'avons vu alors que notre camping-car nous lâcha, à près d'un millier de kilomètres de l'agence de location aux USA. Derek bondissant alors hors du véhicule, je pensais naïvement (et avec soulagement!) qu'il allait ouvrir le capot et inspecter le moteur. Mais pas plus expert en mécanique que Bill ou moi-même, au lieu de cela, nous le vîmes se précipiter de l'autre côté de la route vers ce que je pris pour un Yucca (décidément j'insistais avec les Yuccas !). Empoignant son appareil photo, il nous héla alors avec frénésie pour venir admirer une rare Agave datylio. J' avoue qu'avec ses feuilles aux pointes sombres, je crois bien que c'est la première agave qui me fît penser qu'il était temps de leur trouver une place dans ma collection.

Mais mon véritable coup de cœur pour ce genre n'intervint que bien après ces premières expéditions sur le terrain, lorsque nous visitions les états de Oaxaca et Puebla en compagnie de Charles Glass. Charles et moi recherchions alors les différentes mammillarias présentes dans [dont] ces états mexicains [sont] riches en plantes de ce genre, pendant que Derek était, lui, carrément en extase devant les innombrables [et] magnifiques cierges de la région. Il y avait donc également des agaves, et notamment la très belle et férocement armée A. potatorum s'accrochant parmi les rochers sur les bas-côtés des routes. En route pour observer Mammillaria crucigera, au pied des falaises gypseuses qu'elle colonise, nous vîmes une agave et [dont] je tombais immédiatement amoureux. C'était une A. macroacantha aux feuilles bleu-glauque ornées d'épines terminales entre le noir et le pourpre du plus bel effet. Derek en cultivait déjà un exemplaire, mais nous en prélevâmes néanmoins une afin de la présenter plus tard à l'une des expo-concours du RHS Westminster (Royal Horticultural Society - NdT), comme l'un des juges l'avait [ayant] encouragé à concourir dans la catégorie 'First Class Certificate'. La carte l'accompagnant pour l'examen par le jury nous fût alors retournée avec la mention “cette plante a déjà reçu une telle distinction en 1856” (je ne suis plus sûr de la date…). mais la plante de Derek reçu toutefois le premier prix du 'Garden Merit' en signe de reconnaissance de ses talents à cultiver un si bel exemplaire. Je me suis longtemps interrogé sur l'identité de la personne ayant présenté cette plante au RHS Westminster il y a tant d'années, et par la même émerveillé de voir l'enthousiasme persistant pour ces merveilleuses plantes succulentes que nous cultivons encore aujourd'hui dans nos collections.

L'une des agaves qu'il me faut absolument voir dans son habitat près de Sombrerete est la compacte A. parryi var. truncata que je n'ai pour l'instant qu'admiré au Jardin Botanique de Huntington dans les faubourgs de Los Angeles. J'y ai photographié des exemplaires solitaires, mais également vu de larges groupes aux rosettes d'environ 60 cm de diamètre. Non seulement les feuilles sont disposées en rosettes aplaties donnant à la plante un aspect de nénuphar ; mais leur couleur est l'un des plus pales (gris-bleu/vert) qu'il m'ait été donné de voir, rappelant ainsi certains echeverias. J'ai obtenu quelques graines de cette variété l'an passé, mais au contraire d'autres espèces que j'ai semé, celle ci renâcle à germer malgré l'eau, la chaleur, la lumière ou l'attention que je puis lui apporter ! Si besoin était, cela renforcerait encore plus mon désir de cultiver une telle plante, et six mois après ma tentative de semis, je ne me suis toujours pas débarrassé du pot que je regarde de temps en temps, mais sans grand espoir je l'avoue.

Une autre espèce que je n'ai pas encore vu dans l'habitat est l'une des plus populaires en collection : A. victoriae-reginae. On la trouve dans le nord du Mexique, et est produite chaque année par millions à des fins commerciales. On la trouve tout autant dans les jardineries que chez les pépiniéristes spécialisés. Elle varie grandement en taille et forme de ses feuilles, et tout autant en taille de rosette, les formes les plus compactes étant les plus populaires (si ce n'était pour leur faible encombrement). Ces dernières sont souvent étiquetées “var. compacta” ou pire, cv. Himesan-no-yuki (signifiant Princesse des Neiges), une forme naine développée au Japon et commercialisé via le Jardin Botanique de Huntington. Comme les photos le montrent, cette espèce est hautement décorative avec ses rayures blanches sur ses feuilles vert foncé, rappelant un peu les calligraphies asiatiques. Breitung érigea ou recombina sept formes (autres que le type) de cette espèce , mais elles ne sont que peu reconnues et il est préférable de les laisser dans l'oubli où elles sont tombées.

Si vous êtes déjà un aficionado des agaves, vous connaissez probablement le livre qu' Howard Scott Gentry consacra à ce genre, 'Agaves of Continental North America' publié en 1982 et toujours disponible. C'est une mine d'informations avec ses 600 pages, illustrée de nombreuses photographies noir et blanc, agrémentée de cartes de distributions détaillées et d'une classification permettant l'identification d'un sujet parmi les 20 groupes que comporte ce genre. Si les agaves ne vous sont pas familières, les nombreuses photographies de cet ouvrage vous engageront peut-être, comme c'est mon cas, à réviser votre opinion du ce genre.

Agave victoria-reginae Je ne peux pas mettre cette photo

En fleur, dans un jardin californien, originaire des états de Coahuila, Nuevo Leon et Durango au Mexique. C'est probablement la plus populaire des espèces, avec une large variété de formes. A sa taille maximale, elle ne dépasse guère 60 à 70 cm en diamètre et quelques formes compactes rarement 15 à 20 cm. Toutes sont très décoratives avec leur marques blanches sur les feuilles.

[Agave datylio]


Agave datylio

Photo prise au bord de la route menant à San Juan de la Costa, Basse-Californie, près de La Paz (Mexique). Je pris d’abord cette plante pour un Yucca, avant d’être renseigné par un ami bien plus connaisseur que moi. C’est une plante à rosette compacte, hérissée de feuilles rigides, largement présente, à faible altitude, dans la région du cap de Basse-Californie.





Agave macroacantha






Agave macroacantha

Un imposant groupe près de Tehuacan, à la frontière des états de Puebla et Oaxaca (Mexique). Chaque rosette mesure environ 60 cm de diamètre. Probablement des rejets issus des restes d’une plante morte (au premier plan).




Agave victoria-reginae




Agave victoria-reginae

En culture, pépinière DeHerdt (Belgique), un sujet imposant non loin de sa taille maximum… avant son unique et mortelle floraison. Cette forme compacte à feuilles larges est l’une des plus belles espèces.




Agave utahensis var. nevadensis





Agave utahensis var. nevadensis (?)

Toujours chez De Herdt. Cette petite espèce, résistante au froid, est originaire des états américains du Nevada, Arizona et Utah. Elle présente une forte variabilité en couleur, forme et taille des feuilles. L’espèce type (var. utahensis) peut atteindre 30 à 40 cm en diamètre après de nombreuses années. Trois autres variétés ont été décrites : var. eborispina, aux épines terminales ivoire : var. kaibabensis, plus grande que l’espèce type et aux feuilles plus longues ; et var. nevadensis, aux rosettes plus petites (jusqu’à 25 cm de diamètres) avec des feuilles plus courtes et de couleur plus glauque (i.e. vert-bleu pale NdT)


Agave pototarum




Agave pototarum - Forme panachée

Photo prise dans la pépinière C & J's, Californie (USA). Voici une magnifique (et recherchée) forme panachée d’une non moins magnifique (et recherchée) espèce, avec ses feuilles acérées. Un tel spécimen c’est récemment adjugé £200 lors d’une vente aux enchères en Grande-Bretagne.


Agave pototarum




Agave pototarum

Photo prise dans l’habitat dans l’état mexicain de Oaxaca. Formant des rosettes compactes composées de feuilles très acérées, c’est l’une des espèces les plus recherchées des collectionneurs. A noter qu’il en existe également un cultivar miniature (cv 'Shoj Rajin' - NdT) qui rejette fortement. En ôtant régulièrement ces rejets, on peut obtenir une petite plante solitaire extrêmement attractive.



Agave parryi var. truncata



Agave parryi var. truncata

Photo prise au Jardin Botanique de Hungtington, Californie (USA). Ainsi nommé pour la forme très courte de ses feuilles, cette variété rare est l’une des plus élégante des Agaves. Elle est de taille plus petite que l’espèce type. On la trouve au nord de Sombrerete, près de la frontière entre les états mexicains de Zacatecas et Durango.


Agave walleriana






Agave walleriana

En culture en Californie, dans la pépinière de feu Paul Hutchison, Tropic World. Si je l’ai identifié correctement, son habitat était inconnu de Gentry, mais il la supposait proche ou dans l'aire de distribution de la série polycephalae qui s'étend du Tamaulipas dans l'est du Mexique jusqu'au Chiapas au sud.



Agave shawii




Agave shawii

Ci dessous : Au nord de la Basse-Californie (Mexique). La rosette mesure plus d'un mètre de diamètre. La hampe florale d'environ 4 mètres attire les colibris en quête de nectar… malheureusement peu disposés à être photographiés en pleine action pour cet article !




Agave shawii




Gros plan sur l'inflorescence à pleine maturité.









Agave shawii




Agave shawii var. goldmaniana

Photo prise le long de la route menant à Mision San Borja, Basse-Californie. Cette zone est plus facilement accessible à cheval qu'en voiture sauf s'il s'agit d'un 4×4 ou bien d'un pick-up dans les mains d'un conducteur 'du désert' expérimenté tel que Jo Clements (qui est en charge de la section 'Désert' du Jardin Botanique de Huntington) avec l'aide son épouse Susan à ses côtés pour faire contrepoids (dans les passages inclinés - NdT) et l'encourager.











Agave desertiAgave deserti
Agave deserti

Plante d'environ 60 à 70 cm de diamètre, dans l' Anza Borrego (sud de la Californie), développant son imposante hampe florale qui dépassera rapidement deux fois la taille du photographe… lui-même déjà aussi grand qu'un très grand basketteur !





























Agave deserti

Dans un autre secteur de l'Anza Borrego, avec sa hampe florale complètement développée d'environ 6 à 7 mètres, en compétition pour le titre “du plus grand du quartier” avec Fouquiera splendens (en arrière-plan - NdT).









RÉFÉRENCES:

  • BREITUNG, A.J. (1960) Cact. Succ. J. (US) 32(2): 35-38
  • BREITUNG, A.J. (1968) The Agaves (The Cactus & Succulent Journal Yearbook) Cactus & Succulent Society (US)
  • GENTRY, H.S (1982) Agaves of Continental North America University of Arizona Press, Tucson, Arizona.
  • GENTRY, H.S (1978) The Agaves of Baja California (Occasional papers of the Californian University of Sciences)
  • KIMNACH, M. & TRAGER, J. (1992) Cact. Succ. J. (US) 64(2):87