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Arrojadoopsis marylanae dans son habitat

Cactus & Co, Vol. XIII n° 1

G. Delanoy (1)

(1) G. Delanoy, Chemin du Pestrier, F-06670 Levens, France , e-mail : delanoy@unice.fr


La famille des Cactacée réserve toujours de bonne surprises, surprises qui se matérialisent par la découverte de nouvelles espèces parfois fort spectaculaires. Au début des années 1990, la grande découverte fût celle du genre Geohintonia et d'une seconde espèce de Aztekium, A. hintonii. En ce début du XXI ème siècle la surprise est venue du Brésil, immense pays n'en fini pas de livrer des merveille végétales, avec la découverte d'une nouvelle espèce d'Arrojadoa, A. marylanae décrite en 2003 par Soares Filho & Machado.

J'ai eu l'immense chance de voir et admirer cette remarquable espèce dans son habitat avant même que celle-ci ne soit officiellement décrite. C'était durant le moi d'Août 2003 lors d'un voyage au Brésil en compagnie de Pierre Fontaine et avec pour guide Marlon Machado. La visite de cette localité n'était prévue au programme que nous avait préparé avec Marlon celui-ci nous informa un soir qu'il nous avait préparé une petite surprise. C'est donc dans les environs de Sussuarana, dans l'état de Bahia que nous attendait la surprise.

Nous sommes arrivés à Sussuarana dans l'après-midi en provenance de Vitoria de Conquista ou nous avions observé Melocactus conoideus (Delanoy, 2006) Après avoir réservé les chambres dans une poussada nous sommes allé explorer les environs immédiats de la petite ville. La végétation de la région est du type caatinga mais celle-ci régresse beaucoup à cause de l'élevage bovin qui constitue une des ressources de la région. Fort heureusement des très surfaces gigantesques de caatinga subsistent. C'est donc au cours de cette fin d'après-midi que nous avons pu observer Pereskia bahiensis, Tacinga inamoena, Tacinga palmadora, Arrojadoa rhodantha, Melocactus zehntneri, Melocactus. salvadorensis, Pilosocereus catingicola, Pilosocereus gounellei, Stephanocereus leucostele et de très beaux et très grands spécimens de Coleocephaloceraus goebelianus ainsi que l'omniprésent Cereus jamacaru Selon Soares Filho & Machado (2003) et Machado (2005) d'autres espèces se trouveraient dans la région, a savoir Tacinga funalis, Arrojadoa penicillata et Pilosocereus pentaedrophorus ssp robustus.

Le lendemain matin, c'est avec une grande impatience que nous avons quittés la poussada en direction de la Serra Escura que nous avons atteint après de longs kilomètres de piste. En cours de route nous avons découvert une population de Melocactus zehntneri très typiques et dont l'un des spécimens était cristé. Arrivés au pied de la Serra Escura nous avons laissé la voiture près d'une petite ferme et nous avons entameé la montée à pied. Les pentes de la montagne, qui culmine à 300 m d'altitude, sont couverte d'une forêt sèche dans laquelle se trouvent de très gros spécimens de Pereskia bahiensis. En approchant du sommet la végétation se fait moins dense et il nous fut possible alors d'observer l'environnement géologique. Tout le haut de la Serra correspond à un gigantesque filon de quartz blanc dont l'épaisseur doit atteindre 20 à 30 mètres mètres. Ce filon, subhorizontal, surmonte des roches vertes visibles ça et là dans la partie supérieure de la pente quand la végétation devient plus clairsemée. Lorsque nous atteignons la partie sommitale l'environnement n'est constitué que de blocs et de sable de quartz blanc si bien que nous apprécions le temps légèrement couvert qui nous épargne les méfaits d'une intense réverbération. Selon Marlon, le nom Serra Escura qui veut dire Montagne Sombre serait du à humour des habitants de la région !

Les premières plantes qui nous accueillent sont des beaux buissons Espostoopsis dybowskyi dont la présence en ce lieu constitue une nouvelle localité pour cette espèce. Nous remarquons aussi quelques pieds de Pilosocereus pachycladus dont un exemplaire montre une cristation dans la partie terminale d'une tige. Nous trouvons aussi l'omniprésent Tacinga inamoena. Mais bien entendu ce qui attire notre attention ce sont les quelques exemplaires d'une espèce céreiforme aux aiguillons dorés et qui par ces céphaliums annulaires fait immédiatement penser à Stephanocerus leucostele. Il s'agit bien entendu de la nouvelle espèce d'Arrojadoa qui sera publiée peu de temps après sous le nom d'A. marylanae Soares Filho & Machado en l'honneur de Marylan Coelho, étudiante en biologie, à l'origine de la découverte de cette espèce (Soares Filho & Machado, 2003) . En avançant sur le sommet de la Serra Marlon nous fait découvrir des centaines, peut-être même des milliers de plantes de cette nouvelle espèce. C'est un spectacle fantastique ! Tous les stades de développement sont représentés, du petit semis à la plante adulte, tous sont ancrés dans les poches de sable de quartz ou les fissures des blocs là ou un peu humus a pu s'accumuler.

«  Arrojadoa » marylanae est une plante dont la taille maximale est d'environ 3 mètres de haut. La tige est généralement simple, d'un diamêtre de 8 à 10 cm, et montre de 24 à 36 côtes. Le long de ces côtes, les aréoles portent de 12 à 20 aiguillons de 2 à 20 mm de long, parfois jusqu'à 30 mm de couleur jaune à doré. La base des tiges montre des aiguillons hypertrophiques dépassant les 60 mm de longs, les jeunes plantes ressemblant d'ailleurs à certains spécimens de Micranthocereus.

 « Arrojadoa » marylanae fleurit quand la plante atteint 70 cm de haut. Elle développe alors des céphalium apicaux devenant annulaires, constitués de soies rouge-brun et de poils jaunes. Dans ces céphalium naissent des fleurs diurnes, tubulaires, de 25 à30-35 mm de long, de couleur rose à rose magenta et qui donneront ensuite des fruits globuleux rouges contenant un grand nombre de graines fines. A noter que les fleurs montrent de grandes affinités morphologiques avec celles des Melocactus, genre dont deux espèces occupent le sommet de la Serra Escura : Melocactus bahiensis , représenté par une forme qui rappelle par sa spination le Melocactus conoideus, et un Melocactus sp. qui est sans doute le Melocactus inconcinnus. Une troisième espèce, M. ernesti, est également présente mais ce Melocactus semble occuper une niche écologique sensiblement différente puisque celui ci se rencontre un peu plus bas en lisière de la forêt sèche.

Malgré ces caractéristiques morphologiques particulières (convergence de forme de la partie végétative avec celle de Stephanocereus leucostele, fleurs présentant des similitudes avec celles des Melocactus) cette nouvelle espèce a été rangée dans le genre Arrojadoa à cause de la surface du tégument (testa) des graines et de la structure des fleurs qui sont similaires à celle de Arrojadoa dinae. Selon Taylor & Zappi (2004) et Hunt (2006) « Arrojadoa » marylanae pourrait être en fait un hybride intergénérique stabilisé (Arrojadoa X Coleocephalocereus ?). Dans une publication récente Guiggi (2007) à proposé le genre monospécifique Arrojadoopsis pour cette espèce, argumentant que la morphologie des testa (surface lisse avec des pits interstitiels) ne pouvait justifier à elle seule l'appartenance au genre Arrojadoa puisque cette caractéristique se retrouve chez le genre Micranthocereus.

Bibliographie

- Delanoy G. (2006). Melocactus conoideus -habitat and conservation. Cactus & Co, 10 (3) : 133-142.

- Guiggi A. (2007) : Arrojadopsis a new genus of the tribe Cereeae from Bahia, Brazil (Cactoideae). Cactology, 1 : 25-27.

- Hunt D. (2006). The New Cactus Lexicon. . dh books ed., 1-text : 1- 373.

- Machado M. (2005) : the discovery of  Arrojadoa marylanae. Cact. & Succ.(USA), 77 (2) :62-67.

- Soares Filho A. de O. & Machado M. (2003) : Arrojadoa marylanae-a new species from the state of Bahia, Brazil. Brit. Cact. Suc. J., 21 (3) : 114-122;

- Taylor N. & Zappi D. C. (2004) : Cacti of Eastern Brazil. Royal Botanic Garden Kew ed., : 1-499.