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Soins des Euphorbes arborescentes

Par Éric Mare, 2007/10/24.

Ce petit guide est avant tout destiné à ceux qui veulent conserver ces plantes en intérieur, sans bien connaître la culture de cette famille.
Pour des informations botaniques, voyez l'encyclopédie : famille Euphorbiaceae et genre Euphorbia.

1 : Identification

La plus connue est Euphorbia ingens. Cette notion d’espèce regroupe en réalité plusieurs formes :

Euphorbia erythraeae E. candelabrum se rencontre dans l'est africain : Kenya, Soudan, Somalie, Ethiopie… Les feuilles sont assez petites et tombent rapidement. Les tiges vert foncé ondulent un peu en vieillissant. Elles portent des petits aiguillons noirs disposés par paires. Sur les plantes très âgées, des petites fleurs jaunes apparaissent en été et se transforment en fruits à 3 lobes qui éclatent à maturité, projetant les graines à plusieurs mètres !

La plante répandue sous le nom de « E. erythraeae » est sans doute une forme particulière d'E. candelabrum. Les feuilles sont plus grandes et plus nombreuses, les côtes sont très ondulées. Comme c'est la plus jolie et celle qui fait le plus de ramifications, c'est la plus cultivée et la plus répandue dans le commerce.
Euphorbia ingens
E. ingens est originaire d'Afrique du Sud , de Zambie et du Malawi. En culture, elle se distingue d'E. candelabrum par des ramifications moins nombreuses, des tiges plus larges et moins ondulées, de couleur vert jaune, des aiguillons réduits, voire absents, des fleurs donnant des fruits arrondis beaucoup plus gros.

Taxonomie : le nom d’E. erythraeae est mal appliqué car, d’un point de vue taxonomique, E. erythraeae semble être un synonyme d’E. abyssinica, une autre espèce arborescente rarement cultivée, vu le peu d’entrain qu’elle met à produire des branches. Il faudrait donc désigner la plante qu’on trouve dans toutes les jardineries sous un autre nom.

La tendance était, il y a quelques années, à considérer Euphorbia candelabrum comme synonyme d'Euphorbia ingens. Une espèce qui se serait donc répandue du sud au nord-est du continent, avec de nombreuses adaptations locales. Mais, en ce qui me concerne, je pense que E. candelabrum et E. ingens sont des espèces bien distinctes, avec des noms qui changeront peut-être dans quelques années. En effet, pour certains spécialistes, E. ingens, elle-même, est un « fourre-tout » qui mériterait une étude sérieuse, afin de la diviser en plusieurs espèces ou sous-espèces. Le nom d’E. candelabrum est également sujet à caution, car il a été utilisé par plusieurs auteurs du 19ème siècle pour désigner 2 plantes très différentes : celle que l’on connaît, et une autre originaire de l’Angola.

(Henri Kuentz, photos Jean François Laugier)

2 : Culture

Les Euphorbes ne sont pas des plantes d’intérieur. Leur culture dans une maison ou un appartement ne permet donc pas de leur offrir des conditions idéales. Il est toutefois possible de les y cultiver en respectant quelques règles. Elles n’auront pas bien sûr, la taille et la vigueur de celles cultivées en serre ou en extérieur (sous des latitudes propices), mais pourront néanmoins vous accompagner durant de nombreuses années.

Le substrat :

Cette espèce n’est pas très exigeante au niveau du substrat, un mélange classique 3/3 (un tiers de sable grossier, un tiers de terreau et un tiers de terre légère) lui convient très bien. A défaut, ou par sécurité, on peut augmenter les proportions de sable, y ajouter du gravier, mais 1/3 de terreau est un maximum. Un substrat trop humifère serait trop riche, mettrait plus de temps à sécher qu’un substrat classique et augmenterait considérablement les risques de pourriture. En fonction de cela, si l’on n’est pas certain de la justesse de ses arrosages, il est plus prudent d’abaisser la proportion de terreau à 1/4, voire 1/5 et de compenser avec un sable très grossier ou du petit gravier. En résumé, le substrat doit être très drainant et sécher très vite. C’est une condition essentielle.

L’arrosage :

Contrairement à une idée reçue assez répandue, les plantes grasses ont, comme toutes les plantes, besoin d’eau, d’autant plus si l’on veut les voir prospérer. La difficulté est, qu’issues de milieux arides ou semi-arides, ces euphorbes ne supportent pas que leur substrat reste humide trop longtemps. Cela provoque inévitablement l’apparition de pourritures au niveau des racines, se propageant ensuite au corps de la plante. Il faut donc tester la quantité d’eau nécessaire pour assurer un séchage complet du substrat en 2 ou 3 jours.

Le séchage sera fonction, bien évidemment, de la taille du pot, de la qualité du substrat, de la taille de la plante (et donc de ses besoins en eau) et de la température, Les paramètres sont trop nombreux pour indiquer une quantité précise, mais le test pour la définir soi-même est simple. Il suffit de choisir une mesure, d’en mettre une et de voir le temps de séchage, puis de l’augmenter ou la réduire afin de ne pas dépasser le temps de séchage.

Tout le substrat doit être mouillé. La majorité des racines sont dans la moitié inférieure du pot, se contenter de mouiller la surface pourrait donner l’impression d’avoir arrosé mais ne profiterait pas beaucoup à la plante. D’où l’importance d’un substrat très drainant, afin de permettre à l’eau de pénétrer au cœur de la motte tout en permettant un séchage très rapide. Lors des arrosages, disposer une soucoupe en dessous du pot pour recueillir l’eau excédentaire. Celle-ci devra impérativement être vidée lorsque le substrat aura rendu toute l’eau non retenue.

Bien qu’un amateur connaissant bien sa plante puisse l’arroser un peu plus souvent suivant les conditions, il est préférable pour un débutant dans cette culture, de n’arroser que tous les 10/15 jours en fonction de la température et donc de la rapidité de séchage du substrat. Dans tous les cas, le substrat doit être complètement sec durant plusieurs jours avant d’arroser de nouveau. Et ce, non seulement en surface, mais également en profondeur. Alors qu’il n’est pas obligatoire d’arroser en hiver une plante conservée en serre ou à l’extérieur afin de respecter sa période de repos, il est préférable d’humidifier environ une fois par mois durant l’hiver une plante conservée en intérieur. En effet avec le chauffage domestique, les racines pourraient sécher exagérément et compromettre une bonne reprise dès le printemps.

L’exposition :

Ce n’est pas parce qu’à nos yeux une pièce semble très lumineuse, qu’elle l’est réellement et suffisamment pour une euphorbe. Ces plantes vivent normalement en pleine lumière, dans des contrées beaucoup plus proches de l’équateur que l’Europe, il ne faut pas l’oublier. Les Euphorbes ayant donc besoin de beaucoup de lumière, un emplacement devant une grande fenêtre orientée au S.E. ou S.O. sera satisfaisant, à condition d’en être assez près. Avec une exposition au sud et au plus fort de l’été, il est conseillé d’écarter sensiblement la plante des vitres car l’épiderme pourrait brûler. Un rideau, à condition qu’il soit suffisamment léger pour ne pas perdre trop de luminosité, permettra en cas de trop fort ensoleillement d’éviter les brûlures, notamment au plus fort de l’été et particulièrement aux heures les plus brûlantes de l’ensoleillement quotidien (13 à 16 heures).. Il est préférable de placer sa plante en milieu de fenêtre, plutôt que de la placer sur le côté où elle ne serait éclairée que sur un quart et ne recevrait pas assez de lumière pour se développer normalement.

On peut avoir tendance à l’oublier, mais avant d’être un objet de décoration, une Euphorbe est une plante. Il est impossible de vouloir en même temps décorer le fond d’une pièce mal éclairée, ou bien fermer ses volets en journée et voir sa plante prospérer.

Ceux qui possèdent un balcon ou une terrasse, pourront la sortir dehors aux beaux jours, à condition de la mettre dans un endroit très lumineux mais abrité du soleil direct. L’exposition au soleil direct est bien évidemment possible, mais elle nécessite une acclimatation progressive et prudente car les euphorbes sont sujettes, tout comme nous, aux coups de soleil. La différence est que les euphorbes gardent à vie les traces de ces brûlures.

Pour cette raison, il ne faut pas tourner brutalement une plante exposée au soleil en plein été, mais le faire très progressivement. Les parties à l’ombre, n’étant pas habituée au soleil direct, pourraient subir des lésions.

3 : Les problèmes fréquents

  • Branches dont les extrémités s’amincissent, « filent ». Plante qui pâlit.

Manque de lumière. La placer devant une fenêtre.

  • Taches brunes et claires ou violacées le long des tiges, du côté de l’exposition : coup de soleil.

En intérieur : éloigner la plante de la vitre ou mettre un voilage très léger. En extérieur : Abriter la plante du soleil direct. L’exposition a été trop brutale. La plante ne guérira pas car les tissus brûlés ne se régénèrent pas, mais cela n’affectera pas sa croissance.

  • Extrémités des branches brunes, racornies et dures : déshydratation.

La plante n’a pas été assez arrosée. Manque de soin qui va souvent de pair avec une mauvaise exposition. La plante s’étiole, s’épuise et meure ; les extrémités sont affectées en premier. Les parties concernées doivent être coupées jusqu’au niveau où apparaissent des tissus parfaitement sains.

  • Taches brun foncé à noires, tissu mou : pourriture

Arrosage excessif ou plaie infectée. Peut donc survenir au pied ou sur n’importe quel endroit du tronc ou des branches. En cas de doute, inciser au niveau de la tache, si le latex (bien blanc) coule, le doute est possible. S’il s’agit d’un liquide brun ou noir, c’est assurément une pourriture. Les parties concernées doivent être coupées jusqu’au niveau où apparaissent des tissus parfaitement sains.

  • Taches noires arrondies sur les tiges : maladie cryptogamique

Manque d’aération, situation trop sombre ou trop humide. Des champignons se développent à la surface des tiges. Placer la plante dans de meilleures conditions, traiter éventuellement avec un fongicide polyvalent en pulvérisation. Les taches noires se dessècheront, mais ne disparaîtront pas.

4 : La chirurgie

Le latex des euphorbes est toxique. Pour toute intervention sur ces plantes il est impératif de mettre des gants et de se protéger les yeux. Tout contact avec une muqueuse est extrêmement irritant. En cas de contact du latex avec les mains nues, se laver très soigneusement les mains en les frottant vigoureusement avec, par exemple, une éponge à récurer. Ou mieux, se nettoyer les mains et les ongles avec de l’alcool ménager, qui dissout sans difficulté le latex coagulé sur la peau. Le latex pourrait rester dans les empreintes des doigts et causer des irritations (expérience vécue…).

Le latex étant toxique, il est préférable, si l’on ne dispose pas d’un instrument réservé à cela, d’utiliser un outil à usage unique. L’idéal dans ce cas nous semble être un cutter dont on peut jeter la lame ensuite.

Si l’on coupe une ou plusieurs branches :

  • Protéger le sol des coulures de latex.
  • Si l’on couche la plante, mettre des boules de papier journal entre les branches pour qu’elles ne se blessent pas entre-elles. Les cicatrices resteraient visibles.
  • Couper toutes les parties infectées avec un outil désinfecté avant la première, et après chaque coupe où l’on a coupé du tissu nécrosé afin de ne pas propager les germes. Aucune tache marron, même très claire, ne doit rester. La coupe doit être parfaitement blanche. Pour arrêter l’écoulement de latex, verser de l’eau ou tamponner avec un essuie-tout bien humide. Le latex coagule instantanément.

Coupe en biseau

  • La coupure doit être nette et bien horizontale. Le mieux est de tailler ensuite chaque côte en biseau si l’on veut qu’elle soit la plus discrète possible ensuite. Dans le cas où l’on doit intervenir sur la plante entière, penser qu’au niveau des coupures, sur les branches, une touffe de nouvelles branches va pousser (en général une à deux par côtes si elle est en forme). Outre un aspect ramifié plutôt bienvenu, cela va modifier l’équilibre de la plante. Il est donc bon de prévoir cela afin de couper à l’endroit paraissant le plus judicieux en prévision de la pousse ultérieure de la plante. Cela lui permettra de se développer de manière plus équilibrée (et donc plus esthétique).
  • Laver la plante pour éliminer les éventuelles coulures de latex.
  • Désinfecter les coupures avec de la cannelle en poudre ou de la bétadine. Ce n’est pas obligatoire mais préférable.
  • Trier dans ce qui est coupé, les parties pouvant donner lieu à bouturage. Une section de 15 cm suffit, même s’il s’agit d’un tronçon coupé aux deux extrémités.

Si la plante est en extérieur, l'abriter de la pluie le temps que la plaie soit bien cicatrisée. La durée est variable suivant le climat mais au moins un mois par précaution, plus c'est encore mieux. Un cal protecteur doit recouvrir la plaie après le séchage. A défaut d'abriter la plante, abriter au moins la coupure en lui permettant de respirer (pas de sac plastique fermé autour de la branche…). En extérieur la coupe en biseau est indispensable pour éviter que l’eau ne stagne au niveau des parties coupées.

Si l’on doit couper le pied, traiter la plante entière comme une bouture :

  • Désinfecter
  • Laisser sécher la plante ou les boutures un à deux mois en fonction du diamètre, de préférence dans un endroit frais, mais sec. Un cal assez épais doit recouvrir les coupures. Il vaut mieux laisser sécher trop longtemps que pas assez, car un cal trop fin n’assurerait pas l’étanchéité du pied de la bouture et l’on risquerait une nouvelle pourriture. Tant que la plante ne présente pas de signes de « flétrissement » : tout va bien !

Une approximation peut être faite avec une semaine de séchage par centimètre du diamètre de la tige en dehors des côtes, avec un minimum d’un mois.

  • Mettre en pot, ne pas arroser pendant 15 jours puis humecter très légèrement le substrat,Rejets après une coupe seulement
    en surface, afin de stimuler le développement des racines. La bouture n'ayant pas de racines il est inutile de trop arroser cela ne ferait que risquer de la faire pourrir. Humecter ainsi une fois par semaine, juste l'épaisseur de terre correspondant à la profondeur d'enfouissement de la bouture, durant deux mois. Ajouter éventuellement un peu de fongicide à l'eau permet de limiter le développement de champignons et donc limite les risques de pourriture à l'endroit de la coupe qui reste une partie fragile.


Une autre solution consiste à poser les boutures sur du sable, avec les mêmes conditions d’arrosage, jusqu’à l’apparition de racines, avant de mettre en pot.

  • Après deux mois d’arrosage très léger, arroser progressivement jusqu’aux arrosages normaux. Quelques temps après, si l'opération a réussi, une couronne de rejets apparaît au niveau des coupures.

5 : Musée des horreurs


Nous présenterons ici, au fur et à mesure de l’obtention de photos d’une qualité et d’une représentativité suffisante, un catalogue photo des problèmes ou déconvenues rencontrés. Il s’agit principalement d’interpeller le possesseur d’une euphorbe présentant l’un ou l’autre de ces symptômes. Le plus prudent reste, avant de se lancer dans un débitage en règle ou en cas de doute, de demander confirmation sur le forum. Si vous avez l’occasion de faire une bonne photo d’un problème non illustré, n’hésitez pas à nous l’envoyer.

Traces de frottements et de griffures
Traces de frottements et de griffures.
Sans gravité.
(photo Jean-Marc Veillat)



Cassure
Cassure, plaie séchée et stabilisée.
Sans gravité.
(photo Jean-Marc Veillat)



Taches dues au froid
Taches dues au froid.
Inesthétique et indélébile mais peut ne pas affecter les possibilités de reprise.
(photo Jean-Marc Veillat)



Pourriture due au froid
Pourriture due au froid.
Les parties affectées doivent être coupées.
(photo Jean-Marc Veillat)



Pourriture due à un champignon
Pourriture due à un champignon.
Les parties affectées doivent être coupées.
(photo Florent Papadopoulos )

Auteur : Éric Mare
Publié le : 2007/10/24

Bibliographie - Liens

Remerciements


Nous remercions Henri Kuentz pour avoir bien voulu nous débroussailler un peu l’imbroglio des euphorbes de type ingens et donner ses commentaires sur ce texte. Merci également à Patrick Cuzaguel, Jean-François Laugier et Jean-Marc Veillat pour leur relecture et Alain Laroze pour la mise en forme.
Photographies : Jean-François Laugier, Éric Mare, Florent Papadopoulos, Jean-Marc Veillat.

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