Sponsor du CF
Agenda
22, 23 et 24 mars 2024
Tendance Nature (Reims) (Reims, 51, France)
J'y vais
23 et 24 mars 2024
Foire aux plantes rares de St-Priest (St-Priest, 69, France)
J'y vais
23 et 24 mars 2024
Fête des plantes de Locon (Locon, 62, France)
J'y vais
23 et 24 mars 2024
Le printemps des jardiniers (Savigny le Temple, 77, France)
J'y vais
23 et 24 mars 2024
Fête des plantes du Mucem (Marseille, 13, France)
J'y vais
24 mars 2024
Primavera (Montpellier, 34, France)
J'y vais
Toutes les dates

Expédition "Chagual 2007"

Menu : Présentation - Remerciements - Cajamarca/El Chagual - El Chagual - Platanillo




Matucana myriacantha Le jour suivant nous partons à pied pour El Chagual, ce petit village situé sur la rive orientale du Marañon et à cause du pont est le lieu de passage obligé de trois entreprises minières, productrice d’or. Alors que nous marchions sur le sentier, nous rencontrons par hasard, Quiroz, un de mes anciens élèves et celui-ci décide de nous accompagner un moment. Le long du sentier, nous rencontrons une première Peperomia, Peperomia strawii (une espèce que nous avons découverte à San Marcos et que nous avons décrite il y a quelques année en compagnie de Guillermo Pino) qui prolifère sur la terre humide de ces montagnes. Plus bas, nous rencontrons aussi un Espostoa (Espostoa lanata, d’après Philippe) et juste à côté, nous observons encore Matucana myriacantha (probablement le Matucana purpureoalba décrit par Ritter et dont la localité type est Aricapampa, considéré maintenant comme synonyme de Matucana myriacantha) dont nous prenons de nombreuses photos. Nous observons aussi un Sedum sp. mais malheureusement, il n’est pas en fleur.


El Chagual
Un peu plus loin, nous prenons congé de Quiroz et continuons jusqu’à un embranchement qui nous conduit à Cochorco, petit village qui nous sert de raccourci pour atteindre El Chagual. CochorcoLes gens que nous croisons nous regardent avec méfiance car nous sommes pour eux des inconnus, d’autant plus que l’un de nous est un «gringo» comme on appelle ici les étrangers. Nous traversons ce petit village d’une dizaine de maison qui possède une école enfantine (pour les enfants de moins de cinq ans). Nous sommes suivis pendant toute la traversé par les regards des habitants qui nous observent, cachés derrière leurs fenêtres, ou depuis leurs champs, et nous pressons le pas. Nous marchons encore vingt minutes et enfin nous découvrons au loin le Rio Marañon lové tel un immense serpent au pied des montagnes. Ici, notre émotion croît encore, à l’idée de découvrir ce fameux Matucana tuberculata et prouver ainsi, positivement ou non, l’existence d’une nouvelle espèce de Matucana à San Marcos. A cet endroit, on note un changement dans les couleurs et le paysage abandonne ses tons de verdure pour une palette pleine de rouges et d’ocres. Le climat commence aussi à se montrer beaucoup plus chaud. Le sentier est étroit, rocailleux et plus d’une fois nous avons glissé sur les pierres.




Espostoa mirabilisEnfin, nous observons au bord du chemin les premiers Matucana tuberculata qui me rappelle Matucana krahnii mais la fleur et les graines nous confirment dans notre identification. Notre marche se ralentit à cause de la grande quantité de plantes que nous rencontrons. Il y a Peperomia wolfgang-krahnii, Peperomia sp., Peperomia hutchisonii, Peperomia dolabriformis, Espostoa mirabilis v. primagena (RRP 1020), Armatocereus arduus (A. rauhii ssp. balsasensis = RRP 1037), Melocactus bellavistensis, Browningia pilleifera, Portulaca sp., Matucana formosa et d’autres espèces non succulentes que nous photographions et dont nous collectons les graines. A la moitié du chemin, nous nous retrouvons sans eau et il n’y a pas trace de source aux alentours pour nous permettre d’apaiser notre soif ! Mais rapidement le ciel commence à s’obscurcir et les premières gouttes de pluie commencent à tomber, rafraîchissant nos corps en sueur. Malheureusement il semble que cela ne soit qu’une illusion car l’averse cesse aussitôt. Nous reprenons notre marche en espérant trouver rapidement de l’eau, tout en cherchant à observer le plus grand nombre de plantes. Près d’une combe, nous apercevons une maison et avec Eric, nous allons demander de l’eau. Nous pouvons enfin nous rafraîchir et apaiser notre soif. Nous reprenons notre chemin et descendons dans la combe mais la remonté de l’autre côté se révèle très difficile, le terrain étant trop glissant. Nous décidons alors de descendre en suivant le torrent et tombons de nouveau sur une maison. Là, on nous indique un chemin qui remonte sur la route. La montée se fait en nous ménageant des haltes régulières pour nous reposer du soleil intense qui règne dans cette région.



Pont_de_Chagual Une fois sur la route, nous nous sentons soulagés et bientôt nous arrivons à une maison où nous pouvons acheter quelques fruits de «Nona» (Anona sp.). Il s’agit d’un fruit jaune, avec une pulpe blanche charnue et très fraîche, très agréable par cette chaleur. Les gens que nous rencontrons continuent de nous observer avec méfiance tout en murmurant derrière nous, intrigués par notre présence. Après avoir traversé le Marañon sur un pont de métal et de bois, nous arrivons enfin à El Chagual. Nous allons chercher un logement auprès d’une dame qui nous interroge longuement sur notre présence en ce lieu. Notre logement consiste en lits de ciments avec des matelas en mousse et des moustiquaires en mauvais état, que nous devons remettre en état. Puis nous allons les uns après les autres nous doucher sous une eau tiédie par la chaleur ambiante (30°C).



Le lendemain, nous partons direction nord entre les routes de Vicus et Pataz, convenablement équipés avec une bonne réserve d’eau et de limonades. Près de la route de Pataz, nous photographions Jatropha peltata (RRP-1029)Matucana formosa à fleurs rouges. A proximité, nous rencontrons aussi Matucana tuberculata, poussant en groupe, et Melocactus bellavistensis. Un peu plus loin nous pouvons observer Thrixanthocereus culmannianus mais nous devons grimper dans les rochers pour l’observer de près. C’est en prenant des photos dans cette zone que soudain Philippe sent le sol glisser sous ses pas. Se rendant compte qu’il est prêt à faire un plongeon de la falaise haute de dix mètres, il ne lui reste plus qu'à agripper la seule plante solide à portée de main : un Puya aux feuilles bardées d’épines recourbées. Il se sauve ainsi de son mauvais pas, mais il lui faudra jusqu’au soir pour retirer toutes les épines plantées dans sa main ! Nous continuons en direction du nord et arrivons dans une bonne station de Matucana tuberculata où nous nous attardons un bon moment. Nous repartons pour tenter de rejoindre la route de Vicus mais nous nous retrouvons bloqués par un ravin impossible à franchir. Nous nous dirigeons alors vers des champs et demandons aux propriétaires la permissions de les traverser pour rejoindre la route. Tout d’abord, ils refusent mais après avoir longuement insisté en expliquant que nous voyageons pour observer les cactus, ils finissent par accepter mais nous accompagnent avec méfiance jusqu’à la route. Depuis là, nous revenons vers notre logement d'El Chagual, où nous prenons une douche et un repos bien mérités.



Sedum andinum Le lendemain, nous nous levons à cinq heures du matin pour trouver un camion sur le chemin du retour. Nous voulions nous arrêter à Yanasara où nous avions observé un Matucana à fleurs jaunes (NdT : peut être Matucana pallarensis (Ritter), une forme de Matucana aurantiaca). A sept heures enfin, nous pouvons monter dans un camion venant de Pataz et voyageant avec seulement huit passagers. Le voyage fut très secoué, le camion retournant sans charges. Nous devions nous tenir fortement aux ridelles pour ne pas être trop bousculés mais plus d’une fois, nous nous sommes cognés à la carrosserie. De toute façon, nous n’avions pas le choix, il nous fallait bien supporter ces désagréments qui sont le lot de tout déplacement à l’intérieur du pays où les transports en commun sont si rares. C’est ainsi qu’entre creux et bosses, nous sommes arrivés à Yanasara. Nous voulions observer les plantes aperçues à l’aller, mais malheureusement aucune n’était en fleur. Je me suis décidé à ramener une plante avec moi pour pouvoir observer sa fleur à la maison.


Peperomia aff. gallioides

Nous avons attendu de nouveau un véhicule pour poursuivre notre route et finalement un camion accepta de nous emmener. Notre supplice reprit de nouveau et nous avons recommencé à être durement secoué. Nous devions faire très attention à ne pas nous heurter contre les boulons qui fixaient la carrosserie et qui dépassaient de notre côté. Nous sommes arrivés finalement au croisement du lac de Sausacocha. Celui ci mesure près d’un kilomètre de diamètre. On y élève des truites réputées et nous avons décidé, en attendant un véhicule allant à Cajabamba, de nous offrir un repas dans un des petits restaurants du coin. Malheureusement, au milieu du repas un omnibus arriva et nous n’avons pas pu terminer nos assiettes ! Le bus était plein de sorte que nous avons voyagé un moment debout, en attendant que descendent quelques passagers et c’est à neuf heures du soir que nous sommes arrivés à Cajabamba. Nous avons trouvé un logement dans la même auberge qu’à l’aller et nous avons demandé au gérant qu’il nous réveille à quatre heures car nous avions entendu dire que le bus de «Transportes Rojas» partait à cinq heures.



La Grama Malgré l'heure matinale, le bus était plein et à nouveau, nous avons du faire le voyage debout jusqu’à Puente Crisnejas (1), la prochaine étape. Ce trajet de près de deux heures affecta beaucoup Eric, de sorte qu’en arrivant nous avons du trouver une camionnette qui puisse l’emmener à San Marcos, où il alla nous attendre chez ma belle-sœur. Pendant ce temps, nous avons entrepris de parcourir les environs de La Grama avec Philippe pour observer Matucana intertexta (RRP 1046 = PCO 1102-03), Melocactus bellavistensis ssp. onychacanthus (RRP 1045), Armatocereus mataranus, Weberbauerocereus longicomus (RRP 1047), Opuntia pestifer, Opuntia macbridei, Espostoa lanianuligera (RRP 1048), Browningia pilleifera, Lasiocereus rupicola (PCO 1102-05), Peperomia dolabriformis, Sedum sp. En début d’après midi, j’ai du laisser Philippe qui avait décidé de passer la nuit à Aguas Calientes, pour aller récupérer mon fils à San Marcos et rejoindre Cajamarca où le travail m’attendait. Nous avions décidé avec Philippe de nous retrouver vendredi, dans trois jours, pour la deuxième partie de notre expédition : la région de Huagal avec une visite de ce fameux site du Platanillo. A suivre donc !

(1) Ce nom de Puente Crisnejas prête à toutes les confusions puisqu’il ne figura souvent pas sur les cartes de géographie tout en étant régulièrement mentionnés dans les publications cactophiles. Pour les gens du coin, on parle de La Grama, un petit village, capitale du district, situé à un kilomètre du pont tandis qu’à proximité du pont sur le Rio Crisnejas, on trouve un hameau appelé Aguas Calientes où existe un petit complexe de bains thermaux et deux hôtels. Le Rio Crisnejas marque la frontière entre les provinces de Cajabamba (département de La Libertad) et San Marcos (département de Cajamarca).

Par Nelson Cieza Padilla - Traduction : Olivier Klopfenstein - Photos : Nelson Cieza Padilla