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Mammillaria moelleriana - Payer c'est choisir

John Pilbeam visite l’habitat de Mammillaria moelleriana et y trouve les variations de couleur d'épines attendues.
Photographies de l’auteur.
Cet article a été originellement publié dans le British Cactus & Succulent Journal Vol. 21 (2): juin 2003.
Merci à John Pilbeam et à la BCSS pour leurs autorisations de traduction et de publication sur ce site.

John Pilbeam
51 Chelsfield Lane, Orpington,
Kent BR5 4HG, UK.
Email: jp@connoisseurs-cacti.fsnet.co.uk


L’impressionnant amas de rochers qui nous faisait face sur le site des Mammillaria moelleriana Au début de l’année 2001, je me remettais lentement d'une chute ayant nécessité le remplacement de ma prothèse de la hanche droite. Cela ne m'a pas empêché de me rendre au Mexique avec Bill Weightman et David Neville, armé, toutefois, d'un bâton de randonnée.

A cause de mon pas hésitant, je craignais d'être une charge pour mes compagnons et de leur gâcher le plaisir des zones sauvages et le bonheur que procure leur exploration. Alors que nous étions logés à San Luis Potosí chez nos bons amis les Fitz Maurice, nous avons retrouvé Jean-Marc Chalet, un suisse dont la maîtrise de la langue anglaise n’a d’égale que sa tolérance envers les anglais. Nous sommes montés ensuite à bord de son délicieux petit 4×4, qui j'en suis sûr était rendu plus stable grâce au poids supplémentaire (c'était du moins notre excuse).

L’impressionnant amas de rochers nous faisant
face sur le site des Mammillaria moelleriana


Nous avons fait beaucoup d’excursions pour visiter les localités intéressantes de la région, fort nombreuses, parfois nous étions accompagnés de trois amis mexicains menés par le Dr. Manuel Sotomayor, une référence et un passionné des plantes de l’état de San Luis Potosí.

Nous avons aussi parcouru cette région avec “Fitz” et Betty Fitz Maurice pour y voir leur principal sujet d'intérêt, la série Stylothelae du genre Mammillaria, des plantes avec des épines en crochet et des fleurs assez petites.

Stenocactus ochoterenanus aux épines extraordinairement longues


Un site que j’ai été particulièrement content de visiter afin de mettre de l’ordre dans mes idées sur une controverse relative à ce genre, est situé juste après la frontière, dans l'état de Zacatecas. Celui-ci avait déjà été visité quelques années auparavant par Glass et Foster, ainsi que par David Hunt et Nigel Taylor. Il fallait se rendre dans quelques collines basses à proximité d’un village entouré de nombreux champs cultivés. Nous avions entendu dire que lorsque les deux derniers précités (NdT: Hunt et Taylor) avaient visité ce site, ils avaient dû escalader des clôtures et traverser un ruisseau pour s'y rendre. Par chance, Fitz et Betty avaient exploré précédemment ce site et fait la connaissance d’un villageois auprès de qui nous sommes allés demander conseil.
Agave filifera/schidigera ou peut-être un jeune Yucca ?

Nous avons été présentés à son petit-fils qui a accepté de nous montrer le chemin pour contourner les clôtures et le ruisseau afin d’arriver les pieds secs et de préserver nos pantalons, souvent victimes de l’escalade des clôtures de barbelé. Un de ses amis nous a suivi, ou plutôt emmené sur le site au pas de course, sur une sorte de vélo que je me souviens avoir utilisé de manière plus tranquille pour aller à l’école dans les années 1940, mais lui n’avait pas à gérer un lourd cartable plein de livres comme c’était mon cas à l’époque.

Agave filifera/schidigera ou peut-être un jeune Yucca ?


La colline rocailleuse s'élevait abruptement à partir des champs environnants et Bill, David et Fitz sont partis droit devant (et ce n’est pas l'expression que j’ai employée à l’époque), me laissant me démener pour grimper aussi haut que je le pouvais avec l'aide de mon bâton. Je n’avais visiblement pas à m’inquiéter de les ralentir.

La première Mammillaria moelleriana que nous avons vu

La première Mammillaria moelleriana que nous avons vu


La chance a récompensé la persévérance que j'ai déployée pour essayer de les suivre, et j’ai trouvé plusieurs plantes devant lesquelles ils étaient passés en trombe dans leur empressement à voir ce qu’il y avait plus haut. Tout d’abord il y avait un Stenocactus à la spination impressionnante, identifié par la suite par le précité Nigel Taylor comme étant un Stenocatus ochoterenanus, avec des épines denses de près de 9 cm de long au niveau de son apex (trois pouces et quelques pour les non convertis). J’ai eu beau regarder, je n’ai vu aucun vestige de fleurs sur ces plantes, alors que d’autres Stenocactus vu ailleurs avaient déjà fleuri. Je n’arrive pas à m’imaginer comment les fleurs arrivent à se frayer un chemin à l'apex à travers une si dense masse d'épines, mais je suppose qu’elles y arrivent d’une manière ou d’une autre

Variations sur Mammillaria moelleriana

Variations sur Mammillaria moelleriana


Il y avait aussi ce que je pris pour une Agave filifera ou Agave schidigera (Je ne suis jamais sûr de leur identité car leur apparence est tellement proche que je n'arrive pas à croire qu’elles soient distinctes). Pour compliquer un peu les choses, il y avait un Yucca dans cette zone qui ressemblait à ces plantes, sauf que ceux que nous avions vus sur terrain plat étaient colonnaires et couverts des habituelles feuilles desséchées. Celles-ci étaient surmontées surmontées par une rosette de feuilles très similaire à celles observées sur les rochers. Donc choisissez vous-même : Agave ou jeune Yucca attendant de devenir colonnaire. Quoi qu’il en soit, c’étaient de magnifiques plantes.


Mais celle que je cherchais était également là au bas des pentes, et dans la variété que j'espérais trouver. Émergeant des fissures de rochers, se trouvaient là des Mammillaria moelleriana solitaires, certaines avec des épines brunes, d’autres avec des jaunes, certaines avec des fleurs jaunes, d’autres avec des roses. Bien que les fleurs des plantes à épines jaunes soient généralement jaunes, les plantes à épines brunes présentaient aussi bien des fleurs jaunes que roses.

Mammillaria moelleriana – l’une des variétés avec les épines les plus foncées

Mammillaria moelleriana – l’une des variétés avec les épines les plus foncés


Les garçons qui nous avaient indiqué le site restèrent avec moi dans la partie basse, pensant sûrement que le reste du groupe était fou de monter dans une pente rocailleuse aussi difficile par une telle chaleur. Ils s'assirent et parlèrent entre eux avec moult sourires et petits coups de coude, comme le feraient n’importe quels garçons de ce monde en présence d’adultes se comportant de manière irrationnelle. L’un d'eux accepta d’être photographié malgré les mises en garde de son copain intimidé à l’idée d’être pris en photo. Cet intrépide insista pour avoir son blouson enroulé de façon « cool » autour de ses avant-bras avant que je ne sois autorisé à déclencher.

Un jeune mexicain “cool” avec une Mammillaria moelleriana sur la droite




La controverse autour de cette Mammillaria vient de l'usage tenace d'un nom plus récent, Mammillaria cowperae, utilisé pour des plantes qui viendraient d’une zone proche de celle que nous avons visité (nous sommes juste allés de l’autre coté de la frontière dans le Zacatecas). Ce nom est habituellement associé aux plantes à épines jaunes, usage appuyé par l'affirmation qu’il s'agit d'une espèce bien distincte. Le problème, c'est que si on regarde la description originale de Mammillaria cowperae, on s’aperçoit qu’après tout elle devrait être rattachée à la variation à épines brunes, car c’est ainsi qu’elle est décrite. Or, Mammillaria moelleriana a été décrite, selon Glass et Foster, comme originaire de l’est de Durango, à quelques 100 km ou plus au nord-ouest de ce site, et ils ajoutent qu’on la trouve partout sur les hauts sommets rocheux entre ces deux localités.

Un jeune mexicain “cool” avec une Mammillaria moelleriana sur la droite


En pratique, si vous voulez la version à épines jaunes, vous devriez commander des plants ou des graines de Mammillaria cowperae, et c’est ce que vous obtiendrez normalement. En revanche, en commandant des graines ou des plants de Mammillaria moelleriana, vous pouvez obtenir l’une ou l’autre des deux couleurs. Cela illustre bien l’expression anglaise : Payer c'est choisir.

REFERENCES

BOEDEKER, (1924) Zeitschr. Sukkulentenk. 1: 213
SHURLY, (1959) Cact. Succ.J. (GB) 21(3): 58
GLASS, C. & FOSTER, R. (1970) Cact. Succ.J. (US) 42(3): 111
FIEDLER, (1979) Arbeitskr. Mammillarienfr. 6:184. Traduit en anglais dans Mamm. Soc. J. 20(2): 18 (1980)
FIEDLER, AND MOTTRAM, R. (1981) Mamm. Soc.J, 21(4):55
HUNT, D. (1985) Bradleya 3: 63-4. BCSS.
PILBEAM, J. (1999) Mammillaria - The Cactus File Handbook 6: 196. Cirio Publishing, Southampton, UK.


Traduit pour le Cactus Francophone par Marck
Relu par Eric Mare
Publié le 2009/12/18

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