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Raid Chili Pépère, 18 mai : Caldera - Totoral - Caldera

Caldera - Totoral - Caldera

Les rues de Caldera Enfin un vrai petit déjeuner pour commencer la journée ! Ca change des barres aux céréales… Dommage que la télévision de la salle à manger croit bon de nous déverser ses pubs et autres émissions “culturelles”. Les informations nous apprennent qu'il y a des manifestations d'étudiants et de lycéens depuis quelques semaines. Le gouvernement socialiste en place depuis quelques mois à l'intention de rendre le bac payant. Il est temps d'aller rejoindre Inès et Marcel. Il suffit de repérer l'église un peu bizarre et de tourner à gauche à la borne à incendie jaune.
Aujourd'hui ce sera Marcel qui nous fera visiter dans les environs de Caldera, tous les sites qu'El Sapocactus a repérés au fil de ses balades. Le trajet se fera à 2 voitures : la Xsara de Marcel devant, avec Patrick et moi-même comme passagers, et derrière, le pick-up Toyota avec Georges et Philippe.


Bahia Inglesa Nous prenons la direction de la Bahia Inglesa, la grande plage de Caldera… complètement consacrée à l'élevage de fruits de mer. Ce n'est pas la plage qui nous intéresse, mais les arrières. Là où il n'y a que du sable et des cailloux, semble t-il. Marcel quitte la piste, prend des sentiers à peine visibles en faisant bien attention de ne pas s'ensabler. Puis s'arrête, impossible d'aller plus loin (A18). Il nous reste encore un peu de chemin à faire à pied à la recherche des signes. Ce sont des amoncellements de cailloux qui servent à repérer quelque chose, c'est une mode chilienne. Il y en a un là ! Mais au pied du tas de cailloux : rien ! Ah ! Si ! De la même couleur que le sol, nous distinguons un rond de quelques cm de diamètre quasiment recouvert par le gravier. Un Eriosyce odieri ! Un peu plus enterré et déshydraté qu'en culture, mais somme toute, pas très différent. Il faut juste pouvoir le repérer dans cette plaine désolée. On en trouve une dizaine d'autres. Il y en a peut être (sûrement) beaucoup plus, mais tellement difficiles à voir. Je ne peux pas m'empêcher de penser à un débat lu dans une liste de diffusion sur la différence entre les plantes cryptiques et les plantes mimétiques. Sans hésiter, E. odieri peut être classé dans les 2.

Copiapoa marginata L'étape suivante est le Morro Copiapo (A19), cette colline au sud de la Bahia Inglesa, seule hauteur de cet endroit, entourée à l'ouest par l'océan Pacifique et à l'est par une plaine sableuse et désertique. Cette petite montagne est un site important pour les Copiapoaphiles, car c'est celui du néotype de Copiapoa marginata, la plante qui a été choisie comme le type du genre Copiapoa quand il a été créé par Britton & Rose. Pendant près de 60 ans, la véritable identité de C. marginata a été l'objet de débats jusqu'à ce que Ritter désigne les plantes de Morro Copiapó comme étant le néotype. Si vous n'avez pas suivi, ce n'est pas grave… C'est aussi la localité du néotype pour Eriosyce odieri d'après Kattermann, bien que nous n'en ayons pas vu sur la colline même mais plutôt dans la plaine. Cela ne prend pas plus d'un quart d'heure de voiture depuis l'arrêt précédent pour atteindre les premiers Copiapoa. Ceux ci forment des touffes de tiges assez colonnaires, vertes, les côtes très marquées et surmontées de nombreuses épines grises de plusieurs centimètres de long. Certains sont recouverts d'un lichen jaune canari du meilleur effet !

Depuis le début de la journée le temps est gris. Du haut du Morro Copiapo, l'horizon est bouché par la brume. Pendant que Patrick et Georges partent d'un coté à la recherche de quelques graines et de photos à prendre, Marcel, Philippe et moi explorons le versant nord à la recherche du deuxième (?) Copiapoa du coin. C'est Marcel qui le premier le trouve au milieu des rochers et des Copiapoa marginata. Ce sont des petites plantes marrons de quelques centimètres de diamètre, avec des épines noires portées par des tubercules et non des côtes comme les gros marginata qui nous entourent. Nous ne trouvons que quelques spécimens. De quoi s'agit-il ? De très jeunes C. marginata ? Peut être, mais j'en doute. D'une autre espèce ? Une forme de C. humilis ? A quelques kilomètres de là, on connaît C. humilis ssp. longispina… Peut être. Cette plante a déjà été repérée par de plus grands connaisseurs des Copiapoa que moi et le mystère de leur identification subsiste. Le temps de rassembler tout le monde et nous partons vers un autre site d'E. odieri (A20), celui ci au sud du Morro Copiapo mais en tout point identique au précédent, distant de presque 7 km à vol d'oiseau.

Nous avons quitté les routes goudronnées depuis Caldera. Ici ce ne sont que des pistes. La plupart du temps poussiéreuses et caillouteuses. Mais quelquefois il y a des pistes salées reconnaissables à leur couleur noire et Copiapoa megarhiza v. echinata dont la terre à été mouillée avec de l'eau salée pour la durcir. Elles sont aussi confortables que des routes asphaltées. Les pistes au Chili sont des choses très incertaines, elles bougent, changent de place, apparaissent, disparaissent. Certaines n'existent que sur les cartes, d'autres n'y sont pas mais existent bel et bien. Celle que nous empruntons maintenant est de facture récente, tellement récente qu'elle n'est pas finie ! Quelques dizaines de kilomètres plus loin nous serons arrêtés par les bulldozers au travail.

Avant cela, Marcel sort de la piste pour garer la voiture au milieu de nulle part. Il n'y a rien, une étendue plate de sable à perte de vue, quelques buissons desséchés par-ci par-là, mais pas un seul cactus. Il faut marcher quelques centaines de mètres pour tomber sur ce qu'on peut appeler un petit vallon aux pentes très douces (A21). De petits amas de boules d'épines noires nous entourent. Sans hésiter, ce sont des Copiapoa megarhiza v. echinata. Ils sont plus gros que ceux trouvés la veille au nord de Huasco, peut être est ce la forme borealis, décrite par Ritter. La localité type est à Monte Amargo, qui n'est pas si loin que ça. La population semble en bonne santé, il y a de grosses plantes mais aussi plein de petites, des semis. La période de floraison semble passée, mais on trouve quelques fruits de couleur rouge.

Copiapoa echinoides

Remonté dans la voiture, je demande à Marcel comment a-t-il fait pour trouver des sites comme celui ci, ou celui d'E. odieri, dont les plantes ne sont visibles que lorsqu'on a le nez dessus ? Pourquoi avoir été justement à cet endroit, loin de tout pour trouver des plantes ? La réponse est toute simple, on se promène, on ne voit rien. Puis on voit un endroit avec des cailloux et on sent qu'il peut y avoir quelque chose. Et il me dit, “Comme là….. tu vois ces rochers ? Je suis sûr qu'il y a des cactus.” Qu'à cela ne tienne, on va vérifier. Arrêt donc (A22). 2 minutes plus tard nous prenions en photos nos premiers Copiapoa echinoides de la journée. C'est une petite population, dont les individus, solitaires ou formant des touffes de quelques têtes, poussent dans les rochers, avec une proportion importante de plantes mortes. On y trouva aussi des Cumulopuntia sphaerica.


Des panneaux nous indiquent que la piste est en construction et qu'on ne peut aller plus loin. Mais il n'y a aucune déviation. Devons nous faire demi-tour ? Non ! Nous passons les panneaux qui barrent le chemin et nous continuons. Quelques kilomètres plus loin, la piste est vraiment barrée. Impossible de continuer… sauf qu'il y en a une plus petite qui part vers l'Est. Vers Totoral, nous dit alors Marcel.
Nous nous arrêtons à cette bifurcation (A23) pour 2 raisons. La première, c'est qu'il est 14h et qu'il fait faim ! La deuxième c'est que nous sommes entourés de milliers de Copiapoa (megarhiza v.) echinata. Comme souvent, cette espèce pousse sur du plat et non sur les pentes rocheuses. Les têtes sont plus petites et plus nombreuses par plante que sur le site précédent, ressemblant à celles vues la veille au nord de Huasco.
La piste vers Totoral est plus étroite, un peu plus ancienne aussi, donc en moins bon état. Soudain, au détour d'un virage on voit, à une centaine de mètres, un groupe de guanacos qui, alertés par le bruit du moteur, préfèrent s'éloigner. Les guanacos vivent de préférence dans les zones côtières du Chili, alors que leurs proches parents, les vigognes et les lamas vivent plus en altitude, au-delà de 2000m. Nous en reverrons régulièrement lors de ce voyage, soit les animaux eux-mêmes, soit leurs traces de pas très caractéristiques (comme les autres Camélidés, chameau et dromadaire compris, ils n'ont pas de sabot), soit leurs pistes (très pratiques pour grimper les collines), soit les dégâts qu'ils occasionnent aux plantes, aux cactus en particulier.

la vallée qui mène à Totoral La piste descend dans la vallée qui mène à Totoral. Nous nous arrêtons bientôt devant une trouée dans le flanc de la vallée, un torrent coule probablement ici lorsqu'il pleut (A24). Ce n'est pas à l'ordre du jour bien que le ciel soit toujours aussi gris. Ici nous trouvons des Copiapoa echinoides, un peu différents de ceux que nous avons déjà vus, mais surtout très variables. Ils sont pour certains solitaires et colonnaires, jusqu'à 50-60 cm de haut, d'autres forment des touffes basses jusqu'à une dizaine de tête. Certains sont verts, d'autres marron-rouge (ce qui correspond au Copiapoa cuprea, synonyme de C. echinoides) et d'autres, d'une couleur intermédiaire.

C. totoralensis Quelques kilomètres plus loin (A25), à l'entrée de Totoral, nous avons encore un exemple de la variabilité de C. echinoides. Et pour compliquer les choses, un autre Copiapoa pousse ici. Probablement C. echinata mais qui ne ressemble pas beaucoup à ceux précédemment vus. Il semble plus gros, plus gonflé, moins épineux et pousse sur les pentes, dans les rochers et non sur le plat. Peut être tout simplement à cause de la présence d'eau en sous-sol (nous sommes au fond d'une vallée). Il est probable que ce soit le C. totoralensis de Ritter. Il est 16h30, il nous reste 1h30 de jour. Il est temps de penser au retour. Nous traversons Totoral qui est un tout petit village et filons vers l'est pour rejoindre La Ruta 5.


C. echinoides

22 km avant celle ci, le GPS nous dit qu'il y a quelque chose à voir (A26). En effet de chaque coté de la route, nous voyons des touffes de C. echinoides, les plus impressionnantes que nous ayons vu. Hautes de 50 à 60 centimètres, les plus grosses comptent une bonne centaine de têtes de la taille d'un pamplemousse. Il y a aussi quelques jeunes plantes solitaires de quelques centimètres de diamètre, de grosses touffes mortes et certaines qui au premier coup d'œil semblent l'être, mais à bien y regarder, il y a des rejets sur les vieux troncs lignifiés. Alors que jusqu'à présent il nous semblait que cette espèce préférait des terrains en pente, ici c'est plat, désespérément plat, à perte de vue.




Eriosyce confinis Le temps passe et nous voulions aller jusqu'à la Sierra Hornillo voir le “vrai” Copiapoa megarhiza. S'engage alors une course contre la montre, le soleil étant bas sur l'horizon. Nous rejoignons la Ruta 5, puis remontons vers le nord en direction de Copiapo. Après quelques kilomètres, nous bifurquons sur une piste à gauche. Il y a juste la place pour le passage de la voiture. Nous retrouvons une ligne de chemin de fer abandonnée à l'endroit prévu. Il y avait dans le temps une gare. Il en reste un arbre, un seul, improbable dans cette étendue plate et désertique. La Sierra Hornillo est là, devant nous mais le soleil se couche. Ca ne fait rien, nous y allons. De la piste, nous apercevons ce qui doit être une mine, c'est à dire un trou d'environ 1 mètre de diamètre dans la paroi avec une petite cabane de tôles ondulées à coté. Quelques centaines de mètres plus loin, alors que nous commençons à grimper sur une colline, nous apercevons sur la gauche (à droite, c'est le vide) des oursins noirs accrochés à la pierre (A27). Est-ce nos Copiapoa megarhiza ?? Peut être… difficile de reconnaître quelque chose dans ces boules de piquants. Mais celles ci ont eu la bonne idée de fleurir récemment. Il y a donc des restes de fleurs et même des fruits contenant des graines. Plus de doute possible, c'est un Eriosyce. De retour à Caldera, le livre de Kattermann nous apprendra qu'il s'agit d'Eriosyce confinis.


La nuit commence à tomber, il ne nous reste plus qu'à prendre quelques photos au flash, faire demi-tour (pas si simple que ça sur cette piste étroite accrochée à flanc de colline) et rentrer. Nous refaisons le même chemin que la veille, toujours de nuit jusqu'à Copiapo où nous nous arrêtons pour acheter des sacs de couchage pour Inès et Marcel, puis un peu plus loin au Leader, de quoi manger ce soir et les quelques jours à venir. Encore 75km pour atteindre Caldera et rejoindre Inès qui a eu la gentillesse de nous faire un peu de lessive pendant nous nous promenions.


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