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Raid Chili Pépère, 23 mai : Taltal - Quebrada Botija

Taltal - Quebrada Botija

Au Chili, la quantité de chiens est impressionnante. Mais Taltal est peut être la ville où nous en avons vu le plus. Ils ne sont pas vraiment sauvages, mais n'appartiennent à personne. Ce sont des chiens “libres”. Ils font le tour de la ville, en bande, sont nourris par la population ou par les poubelles. Ils sont plutôt sympathiques, s'approchant pour dire bonjour, quémander une caresse … ou quelque chose à manger. A aucun moment nous n'en avons vu d'agressifs. Ce matin là, en nous levant, nous en trouvons un devant la porte du bungalow. Un vieux chien, tellement maigre qu'il nous fait pitié. Pour nous déculpabiliser, nous lui donnons quelques biscuits…. Qu'il a l'air d'apprécier autant que nous…

Nord de Taltal Il nous fallut moins de 10 minutes pour atteindre notre premier site ce matin là (A53). Il se trouvait à seulement 8 kilomètres des cabanas sur la route reliant Taltal à Paposo. Sur cette route prise entre océan et montagne, il est difficile de rater les Copiapoa, d'abord parce qu'ils sont de taille imposante, ensuite parce qu'ils sont nombreux et enfin le terrain en pente souvent raide les expose bien à la vue. Evidement étant donné la proximité, ils ne sont guère différents de ceux du bas de la Quebrada San Ramon. Copiapoa albispinaOn trouve tout de même des exemplaires avec les épines bien blanches qui justifient le nom de Copiapoa cinerea v. albispina, mais la population est loin d'être homogène. Certains montrent déjà des caractéristiques de ceux que nous trouverons plus au nord. Par endroits, il semble que des touffes ont été replantées, peut être lors de la réfection et l'élargissement de la route quelqu'un a eu conscience de la valeur botanique de ces plantes. Le terrain est tellement pentu qu'on ne peut pas aller bien loin, et pourtant nous passons 45 minutes sur ce site… et il nous reste tellement à voir.

Copiapoa haseltoniana (gigantea) Il ne passe pas 10 minutes que nous nous arrêtons de nouveau (A54). Entre temps la route asphaltée a cédé la place à de la piste entretenue. Ca fait un peu plus de poussière, mais c'est très praticable. Le terrain est plus plat, il y a moins à escalader. La végétation semble plus variée. Fini les Copiapoa albispina, nous sommes entrés sur le territoire des Copiapoa haseltoniana. La différence n'est pas énorme avec les précédents, les épines et la laine tirent plus sur l'orangé que sur l'ivoire et le corps de la plante présente une teinte moins cendrée avec quelquefois, lui aussi, une teinte orangée. La caractéristique de ce site est la taille des plantes. Les plus grosses atteignent facilement 1 mètre de hauteur pour 30cm de diamètre, de quoi justifier le nom de Copiapoa gigantea.

Eriosyce paucicostata Parmi les cailloux, nous trouvons quelques Eriosyce paucicostata, ou du moins supposé tel, le corps, les côtes profondément marquées et les épines noires. En soulevant une pierre qui semblait gêner la croissance d'une plante, j'ai trouvé une petite plantule d'un demi-centimètre de diamètre. Bien qu'elle soit à l'obscurité sous la pierre, elle n'était pas du tout étiolée. Je me suis empressé de remettre la pierre à sa place, dans son rôle de couveuse.

Il n'y a pas que des cactus et des cailloux. Il y a aussi des plantes feuillues. Des Nolana évidemment (il y en a partout) mais aussi un Argylia radiata, une Bignognacée qui pousse en touffe avec de grandes fleurs orange en trompette. On aperçoit aussi quelques pieds de tomate, les mêmes que dans la Quebrada San Ramon. Pendant que nous explorions le coin, la grisaille s'est dissipé et le soleil s'est remis à briller. C'est quand même plus agréable.

Copiapoa haseltoniana Le site suivant (A55) est aussi un site à Copiapoa haseltoniana dans sa forme gigantea, 11 km plus au nord. Nous quittons la piste pour prendre un petit chemin qui part vers la montagne et nous nous arrêtons 400 m plus loin. Les plantes sont quasiment les mêmes. Le point de vue est plus joli, nous sommes plus en hauteur.

Une vingtaine de km plus au nord, nous arrivons à Paposo, maintenant un village de quelques dizaines de maisons. Pourtant au 19ème siècle, ce fût un port de chargement du salpêtre et bien avant ça, un site d'occupation pré-hispanique. Les environs de Paposo sont connus pour la diversité de la végétation. Alors qu'à quelques dizaines de kilomètres plus au nord c'est le royaume du minéral, ici, comparativement, la végétation foisonne. Nous n'en voyons pas grand chose aujourd'hui car apparemment la dernière pluie date de l'année dernière, mais on devine à la quantité de plantes pas encore totalement desséchées, qu'il suffirait d'un peu plus d'humidité pour faire reverdir tout ça. La richesse végétale de cette portion de la côte est probablement due au relief. A 2 km du bord de mer, une chaîne de montagnes dont les sommets varient entre 1000 et 1500m barre le passage au vent de sud-ouest et bloque ainsi l'humidité de l'océan.
Paposo c'est aussi l'endroit où la route que nous avons prise jusqu'à présent et qui mène à Antofagasta, bifurque vers l'intérieur des terres et dessert le Mont Paranal. Nous voulons la prendre pour aller voir un site de Copiapoa humilis, mais la route est fermée, elle est en réfection. On ne peut pas s'empêcher de tiquer lorsqu'on voit les panneaux incitant à prendre soin de l'environnement à coté des tonnes de rochers dynamités pour faire passer la nouvelle route. Sur les indications des ouvriers travaillant là, nous trouvons une piste temporaire qui grimpe dans la montagne. L'endroit où nous devons nous arrêter (A56) est parfaitement signalé par une statue de la vierge, la Virgen de la Puntilla. La pauvre madone à l'air un peu sinistrée au milieu de ce chantier, avec ce monstrueux marteau-piqueur sur roue garé juste devant.
Copiapoa humilis
Pour trouver les plantes, il suffit de passer derrière la statue et explorer l'arrête rocheuse qui semble épargnée par les travaux. Il ne faut pas longtemps pour repérer les Copiapoa humilis dans les fractures des rochers, de petites têtes de 1 à 2 cm de diamètre émergeant à peine du sol. Elles ont une couleur grise à marron violacé. Seules les plantes poussant à l'ombre sous un rocher ont un peu de vert. Quelques unes ont de longues épines centrales, signe de maturité, la plupart n'ont que quelques épines radiales plaquées sur le corps de la plante. Beaucoup sont déterrées, on trouve des racines (disproportionnées par rapport aux têtes) et des têtes éparpillées sur le sol. Est-ce l'œuvre de guanacos ou de prédateurs à 2 pattes ? Mystère. Le site est aussi peuplé d'Eriosyce paucicostata. Aucune de ces 2 plantes n'est en fleurs, par contre, il y a quelques graines sur les Eriosyce.

Sur le versant qui descend vers la mer, il y a des touffes de Copiapoa haseltoniana et des Eulychnia iquiquensis. Nous aurions pu trouver mieux comme cadre pour notre déjeuner, mais il faisait vraiment trop faim. Nous reprenons la route le ventre plein, il nous faut redescendre à Paposo, puis prendre la piste côtière qui monte vers le nord. La mauvaise surprise, c'est que cette portion est beaucoup moins fréquentée et donc beaucoup moins bien entretenue.
Quebrada Rinconada Notre prochaine étape est la Quebrada Rinconada (A57). Cette vallée est l'habitat d'un Tillandsia nouvellement décrit, Tillandsia tragophoba et pour cette raison Philippe voulu y aller. Avec le GPS, nous avons bien repéré la vallée la-bas dans le fond, mais l'entrée est à plusieurs kilomètres de la piste. Nous sommes prêts à abandonner quand nous voyons un chemin qui en prend la direction : sans hésiter nous bifurquons et le remontons, ce qui nous amène à une petite ferme. L'entrée de la vallée s'est rapprochée, mais pas assez. Nous décidons de nous séparer. Philippe avec le pick-up va remonter au plus près et jeter un oeil à la Rinconada. Les autres vont redescendre un peu le chemin et en explorer les cotés qui semblent prometteurs. En effet, depuis Paposo, le bord de la piste est peuplé de Copiapoa haseltoniana en quantité. Ici, ils forment des touffes basses, pas plus de 40 à 50 cm de haut, les têtes ont encore une belle taille, dans les 20 cm de diamètre, de couleur gris vert, avec une couverture de laine orange sur l'apex, d'où quelquefois émerge une fleur. Certaines plantes sont "croquées", comme si une bestiole en avait fait son 4 heures. J'ai d'abord cru que c'était les chevaux aperçus à la ferme qui en étaient responsables, ou des guanacos. A la réflexion, et à bien observer les blessures, maintenant j'incriminerai plutôt de petits rongeurs. Une des plantes avait une tige morte, avec le pied j'en teste la résistance. La tige se casse en 2 immédiatement. L'intérieur, creux, était rempli de poil d'animaux (de guanacos sûrement étant donné l'aspect), je crois bien avoir démoli la maison d'un de ces hypothétiques rongeurs. L'endroit est aussi colonisé par les Eulychnia iquiquensis, et quelques Trichocereus deserticola, ces derniers en tout point identiques à ceux de Pan de Azucar ou de la Quebrada Mala, à coté de Huasco.

Balbisia Mon regard est attiré par des fleurs jaunes. Ces fleurs, grandes d'environ 3 cm de large, jaune soutenu, sont portées par des tiges ligneuses longues de plusieurs mètres de long et fines, de quelques millimètres en diamètre. Elles prennent appui sur les touffes d'Euphorbia lactiflua ou d'Eulychnia. Après quelques recherches, j'ai réussi à lui donner un nom de genre : Balbisia, mais pour l'espèce, le mystère reste entier.

Suivi un long parcours de plus d'une heure, sans arrêt pour rejoindre la Quebrada Botija, but de cette journée et peut être même de ce voyage, mais aussi lieu de notre campement pour la nuit. La piste est vraiment mauvaise, étroite, caillouteuse, défoncée par endroits et même emportée. De profondes ravines de plusieurs mètres de profondeur creusent le littoral, sûrement le résultat d'un violent orage, comme ce fût le cas en août 2005, qui a transformé les rues de Taltal en torrents. A chaque ravine, la piste a été plus ou moins refaite, permettant le passage, mais sans plus. Circuler sur cette piste de jour est assez angoissant; de nuit, cela deviendrait vraiment dangereux.

Quebrada Izcuña Vers 17heures, nous arrivons à la Quebrada Izcuña, à quelques kilomètres au sud de la Quebrada Botija. Nous faisons un arrêt rapide pour jeter un œil. Ici nous devons trouver Copiapoa variispinata, une forme particulière de C. humilis. En fait, il n'y a rien. L'endroit est même assez sinistre. C'est une bande de sable coincée entre l'océan et les montagnes à 2 ou 3 kilomètres de là, creusée d'une ravine plus large que celles précédemment rencontrées, environ 10 à 15 m, aux parois abruptes hautes de 3 à 4 mètres. Nous remontons à pied la vallée sur 500 m, mais ne trouvons rien. Pas une herbe, pas un cactus, que du sable et des cailloux. Pour trouver les Copiapoa, il nous aurait fallu remonter plus haut, aux premiers contreforts de la montagne. Ce sera pour une autre fois. Nous ne nous sommes pas arrêtés pour rien nous avons ramassé des morceaux d'Eulychnia sec qui nous serviront à faire une maigre flambée ce soir.

Nous atteignons rapidement Botija, Mais il n'est plus question de partir à la recherche de cactus. L'urgence est de trouver un endroit pour passer la nuit, de préférence en dehors de la piste et à l'abri du vent de sud-ouest. Nous tentons d'abord une piste qui remonte vers l'entrée de la vallée, après quelques centaines de mètres, nous apercevons une voiture avec une tente ! La place est déjà prise. Campement des prospecteursNous sommes au fin fond du désert et il y a des embouteillages ! Nous nous arrêtons pour échanger quelques mots. Il s'agit de prospecteurs. J'espère qu'ils reviendront bredouilles. S'ils trouvent le moindre minerai ici, ça en sera fini de la Quebrada Botija.

Demi-tour. Nous cherchons plus près de la mer, mais le vent est vraiment trop fort. De l'autre coté du lit à sec, nous trouvons une ébauche de chemin. Après 100 ou 200 m, ça ne passe plus. Et en fait l'endroit n'est pas si mal que ça pour un bivouac. La paroi de la ravine nous protège un peu du vent. De toute façon, il fait presque nuit, on ne pourra pas prospecter plus loin. Trois d'entre nous décident de dormir dans les voitures, Quebrada Botijales 3 autres plus courageux resteront dehors. Je choisis le bas de la ravine, là où le vent est le moins fort et le sol le moins dur, c'est du sable. Je me dis que j'ai autant de chance d'être emporté par l'eau d'un orage soudain que de gagner au loto (Je ne joue pas !).
Une fois installé, la veillée commence. D'abord un petit feu de bois d'Eulychnia, mais ça ne dure pas très longtemps. Nous tentons d'entretenir le feu avec des tortillons amassés par endroits par le vent. Ces tortillons sont les gousses vides d'un buisson de la famille des Apocynacées, Skytanthus acutus. Il n'y a aucun buisson autours de nous, j'imagine qu'ils viennent de plus haut dans la montagne, transportés jusqu'ici par le vent. Ce n'est pas facile de faire un feu de camp en plein désert. Puisque nous ne pouvons pas nous réchauffer de cette façon, il ne nous reste plus qu'à sortir la bouteille de pisco sour (oui, ça existe déjà tout préparé). Une fois que nous eûmes mangé, fini la bouteille et que le feu fût éteint, nous sommes partis nous coucher.


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