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La création d'une rocaille en pleine terre et en plein air


Les motivations qui conduisent l’heureux bénéficiaire d’un jardin à créer une rocaille de cactus en extérieur peuvent être variées. Ce peut être une manière de cultiver une partie de sa collection mais aussi une solution pour végétaliser avec un peu d’originalité un endroit trop sec du jardin. Car il n’est pas besoin d’être amateur de cactus pour avoir envie de créer une telle rocaille : tout jardinier peut s’y atteler. Le présent article a l’ambition modeste de présenter les règles générales de création de cette rocaille, avec leurs étapes obligées, ainsi que des petits trucs acquis par expérience. Les conseils qui y sont donnés sont plus particulièrement adaptés à des conditions climatiques moyennes en France corespondant à peu près à la zone 8 (températures minimales hivernales entre -7 et -12°C) : ni trop chaudes comme dans le midi, ni trop froides comme en montagne, ni trop humides comme… mais ne vexons personne. Toutefois quelques lignes sont consacrées ça et là à ces conditions particulières.

1. Le choix de l’emplacement.

Le choix de l’emplacement est primordial car il va conditionner les espèces utilisables. Le meilleur emplacement pour une rocaille de plantes arides est généralement l’endroit le plus chaud, le plus sec et le plus ensoleillé du jardin. Il est toutefois deux exceptions à ce principe : le jardin alpin, et le jardin méditerranéen. Dans le premier cas, les plantes alpines requièrent de la douceur en hiver, car elles sont dans leur milieu naturel protégées par la neige, et de la fraicheur en été, mais il ne s’agit pas alors d’une vrai rocaille de cactus, mais d’une rocaille alpine qu’agrémenteront les moins frileux des cactus comme Opuntia humifusa ou des succulentes alpines comme les Rosularia, Sedum et Sempervivum. Dans le second cas on peut se permettre de choisir un endroit moins chaud pour allonger la période de croissance des cactus, celle-ci ayant tendance à s’arrêter lors de fortes chaleurs.

Déterminer l’endroit le plus chaud d’un jardin n’est pas toujours évident. Un bon truc consiste à observer la fonte de la neige ou la période de floraison de plantes identiques : la neige fond plus vite, ou les plantes fleurissent plus tôt, dans les zones les plus chaudes. A défaut de neige ou si vos plantations sont trop variées, plantez le même jour d’automne des bulbes de printemps d’une même variété aux différents emplacements pressentis. Le plus chaud sera celui où ces bulbes fleurissent en premier. Mais il faut aussi garder à l’esprit que si l’air chaud monte, l’air froid descend. On exclura donc les creux de terrain, les bas de pente ou les bords de chemin en creux qui, respectivement, accumulent ou drainent cet air froid et peuvent subir en hiver des températures plus basses de 2 à 3°C par rapport à d’autres endroits. Car ces emplacements, s’ils sont bien ensoleillés, peuvent être en moyenne assez chauds, mais subir des températures nocturnes plus rudes que d’autres. Certains aménagements peuvent également favoriser une température plus élevée : un mur situé au nord abritera du vent froid, et accumulera la chaleur du jour qu’il restituera la nuit.

De même que l’endroit le plus chaud est celui où une même plante fleurit plus tôt, l’endroit le plus sec sera celui où l’herbe a plus de mal à pousser. Quant à l’endroit le plus ensoleillé, ce ne sera pas nécessairement celui qui est en plein soleil à midi, surtout sous climat méditerranéen, mais celui qui possède, en hiver comme en été, la plus longue période d’ensoleillement. N’oubliez pas qu’en hiver le soleil est plus bas sur l’horizon et que telle zone bien ensoleillée en été peut être à l’ombre des sapins de votre voisin tout l’hiver. On évitera également les zones que le soleil frappe très tôt le matin en hiver : conjugué au gel nocturne, ce soleil matinal provoque un dégel trop rapide et peut ainsi causer de gros dégâts.

Un autre critère, dit de voisinage peut être déterminant. La présence de feuillus, même au nord de la rocaille, donc sans effet sur l’ensoleillement, peut poser bien des problèmes : en automne les feuilles mouillées tombent sur les cactus et peuvent les faire pourrir. Il faut les retirer régulièrement ce qui devient vite fastidieux. Un ‘persistant’ est moins gênant : tout le temps vert, il peut au contraire former un parapluie au-dessus de la rocaille. Et même s’il perd tout le temps ses aiguilles en usurpant ainsi ce surnom de ‘persistant’, celles-ci restent plus facilement aérées et sèches et, s’il faut également les retirer, deux interventions par an suffisent généralement. Par ailleurs il est plus difficile de conserver propre une rocaille à cactus qui voisine avec une autre plate-bande : des mauvaises herbes, du liseron, vont passer de l’une à l’autre. Un muret, une terrasse, un chemin ou même un gazon bien entretenu situés en bordure de rocaille limiteront ces problèmes.

Enfin n’oubliez pas que les cactus, et plus encore les Agave et Yucca avec leurs feuilles terminées par une solide épine capable d’endommager sévèrement un œil, peuvent être dangereux pour les animaux et surtout les enfants. Mais même un adulte peut, en se penchant pour voir de plus près un Echinocereus en fleur, se blesser grièvement sur l’Agave planté à proximité : c’est un accident typique. Choisissez de préférence un endroit où les enfants et les animaux auront du mal à y aller ou prévoyez une protection. Ne mettez pas non plus cette rocaille trop près d’un passage ou adaptez les plantations en conséquence en éloignant du passage les plantes les plus agressives : piquez la curiosité des amis qui vous rendent visite, pas le reste !

2. La préparation du terrain.

La préparation du terrain répond à trois objectifs principaux : limiter l’entretien ultérieur, favoriser un assèchement assez rapide du substrat entre deux pluies et lui donner son aspect définitif. La première chose à faire consiste à désherber très soigneusement le terrain en en extirpant toute mauvaise herbe. Un seul petit morceau de racine de liseron oublié, et c’est toute la plate-bande qui sera à refaire dans 2 ans. De ce fait le nettoyage du terrain peut être réalisé sur 1 à 2 ans, pour repérer, entre deux désherbages, tout ce qui repousse.

Puis le terrain est décaissé sur 30 à 50cm de profondeur et un drainage formé de cailloux, briques creuses ou tuiles cassées grossièrement, pouzzolane de grosse granulométrie pour fosses septiques, ou tout autre matériau grossier dur et stable (pas de plâtre !) est disposé au fond sur au moins 20cm de hauteur. N’oubliez pas de réaliser une évacuation d’eau dans la partie la plus basse du décaissement, au besoin avec un tuyau de drainage : ce décaissement ne doit pas faire office de réserve d’eau ! Un feutre agricole ou produit similaire imputrescible sera posé sur le matériau de drainage pour éviter que le substrat que vous aller rajouter ne s’infiltre et ne le compacte, le privant d’une bonne partie de son efficacité.

Sauf si votre terre est trop glaiseuse ou polluée et doit être intégralement changée, mélangez là avec des éléments drainants comme du sable de construction, du petit gravier, et des éléments nutritifs comme du terreau bien décomposé. Ce mélange peut se faire à la pelle, ou mieux, à la bétonnière (sans ciment bien sûr ;) ). L’objectif est d’obtenir une sorte de mélange trois tiers. La proportion dépendra de la nature de votre sol et de votre situation : un sol sablo-limoneux nécessite moins d’éléments drainant qu’un sol argilo-limoneux. Par ailleurs le sol doit être mieux drainé dans les régions à plus forte pluviométrie alors que dans les régions plus arides le sol naturel peut même convenir sans ajout d’éléments drainants.

Mettez ensuite votre terre en place en formant une butte ou un coteau surélevé : cette surélévation permettra à votre rocaille de sécher plus rapidement. Variez les reliefs : la nature a horreur de la régularité. Deux buttes, des différences de niveaux, une sorte de mini-vallée donneront un aspect plus naturel. Puis ajoutez les rochers là encore sans trop de régularité pour conserver un aspect naturel. Si vous avez de très gros rochers, il vaut mieux les ajouter avant la terre. Veillez dans tous les cas à leur bonne stabilité et disposez les aussi de telle sorte que vous pourrez accéder à l’arrière ou au milieu de la rocaille pour l’entretien courant en marchant sur certains d’entre eux. Une vieille souche, un vieux tronc peuvent également être intégrés à votre tableau.

3. La mise en place des plantes.

Avant de mettre en place les plantes, il faut les choisir. Une liste de plantes adaptée aux différentes conditions de culture, ainsi que leurs principales caractéristiques, est disponible à la fin de cet article. Adaptez la taille des plantes choisies à la taille de votre rocaille : de trop grandes plantes écraseront totalement une petite rocaille et de petites plantes seront perdues dans une grande rocaille, sauf en les mettant en valeur, par exemple sur un rocher en creux.

Variez les tailles et les formes. Choisissez quelques plantes droites et hautes pour créer des verticales, Opuntia imbricata, Trichocereus pasacana,… Mélangez les Opuntias à raquette avec les Cylindropuntia, les cierges et les cactus sphériques, les plantes à belle spination et celles à belle floraison. N’oubliez pas les autres plantes grasses : même si vous êtes très axés cactus, un Agave de taille moyenne, un Talinum calycinum ou des joubarbes apporteront un peu de variété dans tous ces piquants. Et si au contraire vous êtes ouvert à tous les types de plantes, prévoyez d’autres plantes de terrain sec comme des érythrines ou des graminées. Dans les zones arides, les cactus poussent au milieu de plantes de dizaines d’autres familles.

Lors de la mise en place, commencez par planter les plus grandes plantes, plutôt en arrière plan, mais pas uniquement, et surtout, là encore sans régularité apparente : ce sont elles qui vont structurer votre rocaille. Complétez progressivement avec les plantes moyennes et de plus en plus petites. N’oubliez pas de tenir compte de la taille que vont atteindre vos plantes : ne les serrez pas trop. Une rocaille désertique ne doit de toute manière pas être trop riche en plantes. Si votre rocaille parait vraiment trop vide, plantez en sus des petites plantes qui combleront ces espaces, et seront retirées ultérieurement quand les plantes en titres de la rocaille atteindront une plus grande taille.

Après plantations, si vous souhaitez pailler pour réduire les désherbages, utilisez du gravier grossier, voire un paillis de schistes ou d’ardoises ou de la pouzzolane afin de ne pas trop entretenir l’humidité. Votre rocaille est terminée. Attendez 15 jours avant d’arroser.

4. L’entretien.

Un nettoyage et un désherbage régulier est indispensable. Ne vous laissez pas déborder par les mauvaises herbes, vous seriez obligés de tout recommencer. Pour le désherbage une vieille fourchette solidement fixée sur un manche permet d’agir au plus près du cactus sans se piquer. Pensez à vous protéger : une épine dans l’œil ou dans un tendon fait du dégât : portez des gants et même, surtout en travaillant près d’Agave ou de Yucca, des lunettes de protection.

Retirez également les pétales des fleurs fanées qui en pourrissant peuvent faire pourrir la plante, notamment chez les Opuntia : notre climat est souvent trop humides pour qu’ils sèchent comme ils le font dans leur milieu naturel. Retirez pour les même raisons les feuilles mortes et tout ce qui peut entretenir une humidité au pied ou sur les plantes. Ne mettez pas au compost les parties épineuses que vous retirez (vieilles raquettes d’Opuntia,…) , mais jetez-les ou brulez-les.

Les cactus de plein air ne sont pas exempts de maladies ou de ravageurs. Les acariens préfèrent l’atmosphère sèche d’une serre, mais les cochenilles se débrouillent plutôt bien à l’extérieur. Privilégiez une élimination naturelle aux insecticides contacts et n’utilisez surtout pas d’insecticide systémique (véhiculé par la sève) qui empoisonne généralement les insectes butineurs.

Le plus dangereux des ravageurs en plein air sont les gastéropodes, escargots et limaces. Des granulés sont efficaces, mais une tuile posée sur le sol peut aussi leur servir d’abri : il suffit alors de retourner la tuile au matin et de les éliminer manuellement.

Moins connu, les fourmis apprécient un sol sec et votre rocaille est une aubaine. Elles ont la détestable habitude de recouvrir de galeries de terre les cactus qui sont alors comme emplâtrés et peuvent même disparaitre totalement. Un nettoyage manuel répété avec un petit bâton suffit généralement à les décourager mais l’usage d’insecticide peut parfois être nécessaire dans les cas extrêmes.

Les souris ne s’attaquent pas directement à vos plantes mais si l’une d’elles semble manquer d’eau alors que les autres vont bien, peut-être y-a-t-il une galerie de souris qui passe juste dessous et a mis ses racines à l’air. Mais les fourmis peuvent aussi, avec leurs galeries, être la cause de ce problème. Retirez la plante pour vérifier l’état de ses racines, pratiquez un sarclage profond avec arrosage pour combler les galeries et replantez le cactus quand la terre se sera ressuyée.

5. La couverture.

Voilà une question que nous abordons à la fin de cet article mais qu’il vaut mieux envisager dès le début car il est plus facile de prévoir son implantation dès le stade du décaissement. Qui dit couverture dit en effet prise au vent et risque d’arrachement et il faut des fixations au sol solide. De plus elle autorise un choix de plantes différent.

Quand est-elle nécessaire ? Dans les zones trop pluvieuses ou humides en hiver, voire les zones trop froides. Mais également si vous choisissez des plantes plus sensibles à l’humidité hivernale. 4 poteaux reliés par un cadre, une couverture en plastique rigide ou rigidifiée sur des baguettes de bois et le tour est joué. Les poteaux s’ils sont en bois seront soit vissés sur des piquets de métal disponibles dans toute bonne jardinerie, soit goudronnés sur toute la partie enterrée. On veillera à donner une pente à ce toit et à ce que l’eau de pluie soit suffisamment écartée des plantes lorsqu’elle rejoint le sol. Dans les régions froides, une fermeture sur les cotés peut aider, mais elle doit être amovible et retirée dès que le temps le permet pour aérer ce qui devient alors un châssis.


















Ecrit pour le Cactus Francophone par Philippe Corman
Relu par xxxx
Mise en page xxxxx
Publié le 2010/07/__