Publication : in Abhandlungen der Mathematisch-Physikalischen Classe der Königlich Bayerischen Akademie der Wissenschaften (Munich) 1: 292 (millésime 1829-30 mais date d'impression 1832).
Type : Ehrenberg s.n., herbier de destination inconnu.
Description
L'un des buissons typique du désert de Chihuahua, fortement exploité au siècle dernier pour la cire produite sur les tiges.Buisson fortement ramifié de jusqu'à 90cm de haut, à branches ascendantes souples, généralement elles-mêmes non ramifiées, de jusqu'à 30cm de long ou plus sur environ 5mm de diamètre, charnues se lignifiant avec l'âge, finement tomenteuses et couvertes de cire blanche. Feuilles décidues linéaires de jusqu'à 4mm de long sur 1mm de large.
Floraison
diurne au printemps et en été.
Inflorescence en
cyme axillaire simple ou cyathe solitaire.
Pédoncule court; cyathe de 2,5mm de diamètre, finement poilu; glandes nectarifères blanches à base rouge, oblongues, triangulaires, parfois avec de fines dents de jusqu'à 4mm de long.
Fruit subsphérique
glabre. Graine ± conique, légèrement ridée, à caroncule minuscule.
Culture
Culture à priori facile en
substrat '
3 tiers', similaire à celle des cactus mexicains de la région. Supporte le calcaire. Donnée comme résistante à de faibles gelées sur de courtes périodes (-1°C la nuit avec remontée des températures en journée), il est préférable de ne pas descendre en dessous de 7°C.
Reproduction par semis,
bouturage de tiges ou séparation de rejets.
Étymologie
Euphorbia:
Euphorbia: ce genre aurait été dédié par le roi Juba II de Mauritanie à son médecin Euphorbos au 1er siècle avant Jésus Christ, et conservé par Linné.
antisyphilitica: du grec
anti, contre: contre la syphilis, en référence à ses propriétés médicinales supposées.
Habitat
Sud des U.S.A. (sud ouest du Texas, notamment dans le Big Bend National Park, et sud du Nouveau Mexique) et nord du Mexique (Chihuahua, Coahuila, Durango, Hidalgo, Nuevo León, Querétaro, San Luis Potosi, Tamaulipas et Zacatecas) :
désert de Chihuahua, sur sols calcaires en matorral
xérophyte. Localement
naturalisée en Inde et d'autres pays tropicaux.
Anecdotes
Noms vernaculaires: candelilla.
Ethnobotanique:Le nom d'
espèce latin de cette plante fait référence à ses propriétés médicinales supposées: jusque dans les années 1970 les amérindiens Kickapoo préparaient encore une décoction de cette plante pour traiter la syphilis. Ils en buvaient l'infusion et l'utilisaient en application externe sur les chancres syphilitiques. La plante était également connue comme purgatif.
Le nom
vernaculaire de la plante, candelilla (petite bougie) vient soit de l'aspect des tiges, soit de la cire produite par la plante, qui en recouvre les tiges pour la protéger d'une excessive évapotranspiration, ou peut-être des deux. Localement cette cire est mélangée à de la paraffine pour en faire des bougies qui sont réputées donner une belle flamme vive avec une odeur agréable.
L'utilisation industrielle de cette cire remonte au début du 20e siècle: elle commence à être utilisée vers 1912 mais c'est la première guerre mondiale qui provoque vraiment son développement en raison de la pénurie d'autres huiles végétales. Les années 20 à 40 voient l'âge d'or de cette exploitation cependant que la seconde guerre mondiale entraine un triplement de sa production. La cire est alors utilisée dans la gravure sur métal, les linoleums, les disques de phonographes, les cosmétiques, le chewing-gum, les adhésifs, les crayons, l'encre, les cirages,… Pendant les deux guerres mondiales elle est utilisée notamment comme imperméabilisant pour les bâches et les tentes, ainsi que dans la fabrication d'explosifs.
Cet arrachage quasi-systématique entraine une raréfaction de la plante qui reste aujourd'hui encore clairsemée sur son aire de répartition états-unienne. Pour protéger sa ressource, le Mexique instaure une première taxe en 1937, puis recommence en 1947-48, et à nouveau en 1953-54. Mais cette taxe entraine surtout un développement de la contrebande, les zones proches de la frontière étant pillées et les plantes arrachées ramenées du coté états-unien pour y être traitées, la cire étant achetée plus chère aux U.S.A. qu'au Mexique.
Heureusement pour cette
espèce, la fin de la seconde guerre mondiale voit apparaitre des produits de substitution issus du pétrole nettement moins chers. Moins rentable, l'exploitation d'
Euphorbia antisyphilitica diminue fortement sans disparaitre tout à fait. La cire reste employée principalement dans les cosmétiques, où elle est affichée comme irremplaçable dans les rouges à lèvres par ses négociants, ainsi que dans certains chewing-gum, notamment de la marque Trident.
Les tentatives de
culture de cette plante n'ont pas été couronnées de succès: les plantes cultivées poussent vite, mais produisent peu de cire, celle-ci étant d'autant plus abondante que le climat est chaud et sec et la croissance de la plante ralentie. La mécanisation de la récolte n'était possible que sur des surfaces planes, et le coût de la main d'œuvre fait que l'exploitation de cette cire reste peu rentable.
Actuellement, la collecte des plantes et l'extraction de la cire reste donc artisanale, selon les mêmes méthodes employées au siècle dernier. La seule différence tient dans le fait qu'à l'âge d'or de son exploitation, la cire était récoltée de place en place par des équipes de travailleurs itinérants, dénommés "candelilleros" puis ramenée et traitée au camp de base, alors que, maintenant, les collecteurs sont généralement des fermiers qui y trouvent un complément de revenus, collectent dans un rayon d'environ 35km autour de leur village et ramènent les plantes au village pour les traiter. La récolte à lieu en hiver, car la cire est plus abondante pendant cette saison sèche. La plante est arrachée en totalité, tiges et racines, mise en fagots et ramenée à dos de mules ou d'ânes ou dans de simples charrettes à bras. Encore aujourd'hui les véhicules à moteur ne semblent pas être utilisés.
Les tiges sont placées dans de grands contenants appelés "pailas", emplis d'eau bouillante à laquelle est rajouté de l'
acide sulfurique (pour 8% de la biomasse). La cire remonte à la surface et se solidifie en se refroidissant. Appelée cortador, cette cire est encore pleine d'impuretés et est donc écumée puis remise à chauffer avec de l'
acide sulfurique pour en tirer une cire davantage purifiée, ou cerote. Une troisième purification à l'
acide sulfurique est alors pratiquée avant que la cire ne soit moulée et cassée en morceaux puis vendue. Cette cire est encore riche en résines et si elle peut être utilisée telle qu'elle dans le secteur technique, elle doit être à nouveau purifiée, industriellement, pour un emploi dans les cosmétiques ou l'alimentaire. Dans ce dernier cas la cire est vendue en flocons.
Il faut 1 tonne de plantes pour obtenir près de 23 kilos (50 pounds) de cerote. La cire d'autres plantes, comme Pedilanthus pavonus, est également collectée et vendue sous le même nom de "Candelilla Cera", "Cera de Candelilla" ou "Candelilla wax", mais sans que son importance relative soit connue. A la fin du 20e siècle la production mexicaine de "cire de Candelilla" était d'environ 3000 tonnes par an, à 80% produite dans l'état de Coahuila, dont 60 à 80% était exportée, le principal pays importateur, avec environ 1000 tonnes, étant les U.S.A.
Paradoxalement, une partie de cette exportation s'effectuait sans certificat CITES, alors qu'
Euphorbia antisyphilitica, en tant qu'
Euphorbe succulente, est classée en annexe II de cette convention et que tout produit tiré de plantes collectées dans la nature est régit par cette annexe. Cette situation était due à une méconnaissance de la part des autorités douanières de l'origine de la "Candelilla wax", mais ceci est en passe d'être corrigé.
Les négociants de cette cire affirment qu'ils encouragent la plantation de boutures sur les zones de collecte afin de maintenir cette activité dont dépendent leurs profits. De fait, des expériences de régénération par
bouturage ont permis d'obtenir une production de cire (252Kg à l'hectare) supérieure à celle de l'exploitation d'une parcelle naturelle vierge (189Kg à l'hectare). Le
bouturage s'est également révélé à ce titre plus efficace que la simple dispersion de graines sur les zones à régénérer (seulement 28Kg à l'hectare). Toutefois la régénération par
bouturage reste très insuffisamment pratiquée: bien souvent les paysans locaux collectent autant que possible, et quand il n'y a plus de plantes, abandonnent l'activité. Ainsi la meilleure défense de cette plante reste les difficultés d'accès de son
habitat, laissant des zones entières non exploitées.
[Cet article à été écrit en 2011 à partir de l'article et du
livre suivants, consultables sur le net: Barsch F.,
Taxon File: Candelilla (
Euphorbia antisyphilitica): Utilisation in Mexico and international trade, Medicinal Plant Conservation 9/10: 46-50 (août 2004); Turner M.W., Remarkable Plants of Texas: Uncommon Accounts of Our Common Natives, University of Texas Press p. 125-128 (2009)]
Exposition
Vive (luminosité maxi, plein soleil accepté)
Température mini
7°C
Arrosages
Hiver : aucun. Été : moyen.
Substrat
Standard (
3 tiers)
Dimensions maximales
Hauteur : 90 cm. Largeur : 1.5 m.
Couleur des fleurs
blanc
Publications spécialisées
S. Carter in Eggli, Dicotyledons, Illustrated Handbook of Succulent Plants p. 108-109, fig. XVIIIa (2002).
Turner M.W., Remarkable Plants of Texas: Uncommon Accounts of Our Common Natives, University of Texas Press p. 125-128 (2009).
Barsch F.,
Taxon File: Candelilla (
Euphorbia antisyphilitica): Utilisation in Mexico and international trade, Medicinal Plant Conservation 9/10: 46-50 (août 2004).
Numéros de collecte
Vous pouvez chercher les numéros de collecte pour cette espèce dans :
Forum
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Auteur
philippe (
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Fiche créée le 14/09/2011, mise à jour le 17/09/2011.