Jordan, Alexis
1814 - 1897
Alexis Jordan naît le 29 octobre 1814 à Lyon et grandit dans une famille de négociants. Il fait des études classiques et s’intéresse assez rapidement aux sciences naturelles plutôt qu’au commerce, auquel sa famille le destinait.
Sa rencontre avec les naturalistes de la société linnéenne de Lyon.
Il fréquente la société linnéenne de Lyon et y rencontre plusieurs personnalités. Il fait la connaissance de l’entomologiste Eugène Foudras et des botanistes Timeroy, Balbis et Seringe. Il hésite longtemps entre l’entomologie et la botanique, puis décide de consacrer sa vie uniquement à la botanique. Ceci est d’autant plus facile qu’il hérite d’un oncle en 1840, lui évitant ainsi de devoir travailler pour gagner sa vie.
Les herborisations dans le Sud de la France.
Dès 1836, il prend l’habitude d’effectuer chaque année un grand voyage botanique qui l’entraîne ainsi tour à tour dans les Alpes du Sud, Les Pyrénées, Les Cévennes, La Corse et l’Italie. Hormis ces expéditions, il herborise régulièrement dans la région lyonnaise. De toutes ces herborisations, il ne fait pas qu’observer les plantes sur place à l’état frais, il récolte des graines et réalise de nombreuses planches d’herbiers.
Dans les mêmes années, il achète en un petit terrain de 4 ares, dans le quartier des Brotteaux à Lyon. Rapidement à l’étroit, il s’installe à Villeurbanne, rue de la viabert sur 6000m². Il achète successivement 4 parcelles contiguës, doublant ainsi la superficie initiale. Ces terrains purent être achetés grâce à l’héritage de son oncle.
Ses études au sein de son jardin à Villeurbanne.
Ayant observé au cours de ses voyages de nombreuses formes végétales qui n’étaient pas signalées dans les ouvrages. Il sème ces échantillons dans son jardin d’expérimentation afin de s’assurer que ces formes sont bien fixées et si le semis en reproduit bien les caractères parentaux.
Les échantillons semés proviennent de ses récoltes personnelles, mais également de ses collègues botanistes et de ses employés qu’il envoie herboriser.
Le protocole de culture dans son jardin botanique est extrêmement minutieux. Le substrat est désinfecté à la vapeur avant semis pour supprimer toute graine adventice. Les semis se réalisent en pots puis sont repiqués en pleine terre. Le jardin est organisé en plates-bandes où chaque lot est soigneusement étiqueté pour faciliter la gestion des collections.
Grâce à ses observations de terrains ajoutés à ses essais en conditions artificielles, Alexis Jordan démontre que des individus de provenance différente, présentant des variations dans leur forme mais appartenant à la même espèce, sont des formes fixées et peuvent être désignées comme de véritables taxons.
C’est ainsi qu’il nomme des dizaines d’espèces. Toutes ces descriptions ont fait l’objet de publications dans les annales de la Société linnéenne de Lyon.
Les espèces affines ou « espèces jordaniennes » qu’on oppose aux « espèces linnéennes » sont nommées « jordanons ».
De ce travail de démembrement des espèces linnéennes, citons la petite brassicacée Erophila verna qui d’une seule espèce, Jordan divisa en 200 jordanons. Dans le cadre des succulentes, Jordan a beaucoup travaillé sur les Sedum et Sempervivum, genres polymorphes au possible. De l’espèce variable Hylotelephium telephium, il en aura fait 26 jordanons.
Ces idées choquent de nombreux botanistes. Certains iront même à ignorer son travail comme Harvet-Touvet qui publie un important mémoire sur les Hieracium en ignorant totalement les observations minutieuses qu’a pu faire Jordan sur ce genre complexe.
Il est évident que la pratique scientifique de Jordan est directement influencée par ses pensées philosophique et religieuse. Catholique très pratiquant, il lit les Saintes Ecritures dans un sens presque littéral. Le regard qu’il porte sur la nature dépend de ce cadre strict. Il est fixiste et créationniste.
Alexis Jordan décède le 7 février 1897 dans sa ville natale.
Il laisse derrière lui un herbier de 400 000 parts dont il ne reste à l’heure actuelle que 75 000 parts. Conservé à la faculté catholique de Lyon, il fut déménagé récemment sur le Campus scientifique de la Doua à Villeurbanne (Université Lyon 2).
Sur les 1700 espèces qu’il a publié (les fameux jordanons), seule une quarantaine de taxons est encore valide dont ses tulipes de la Maurienne et des Violas. La flore succulente n’est pas en reste, puisqu’il il a décrit Sempervivum calcareum et l’hybride Sempervivum x piliferum (S. tectorum subsp tectorum x S. arachnoïdeum).
Toutes ses espèces sont endémiques d’une région de France à l’exception de Carex olbiensis (plante Ouest méditerranéenne).
Une quinzaine de taxons de la flore française lui ont été dédiées dont Centaurea jordaniana Godr. & Gren., Hieracium jordanii Arv.-Touv. et Viola jordanii Hanry.
Influence de Jordan sur la botanique lyonnaise.
Sa nouvelle méthode dite « méthode analytique », rassembla plusieurs botanistes du lyonnais adeptes de ses doctrines. On nomma ces botanistes influencés par Jordan : « école jordanienne ».
Le plus fervent d’entre eux fut Jules Fourreau (1844-1871). Il devient son plus proche collaborateur et nommèrent ensemble un grand nombre d’espèces affines.
Pour finir, citons le botaniste J-E Planchon (1823-1888) qui écrivit : nos flores lui doivent un grand nombre de notions précises sur des espèces excellentes, qu’il a eu le mérite de mettre en lumière en les retirant du chaos des espèces collectives de l’ancienne école linnéenne.
Photo Sempervivum calcareum :
J-L Tasset
http://photoflora.free.fr/
Bibliographie :
Bange C., 2004. Le botaniste Alexis Jordan (1814-1897) à la Société linnéenne de Lyon. Bulletin de la Société linnéenne de Lyon, 73 (1) : 7-24.
Coquillat M., 1947. L'étrange figure d'Alexis Jordan. BULL.SLL.16-9 :188-191.
Dayrat B., 2003. Les botanistes et la flore de France, trois siècles de découvertes : 429-436
FAURE A. et Al., 2007. Herbiers de la région Rhône-alpes 2ème partie : Catalogue des herbiers
Jordan A., 1860. Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues. Annales de la Société linnéenne de Lyon
Nétien G, . 1993. Flore lyonnaise. LVII-LVIII
Nationalité : française.
Fiche créée le 12/03/2008, mise à jour le 24/03/2008.
Alexis Jordan naît le 29 octobre 1814 à Lyon et grandit dans une famille de négociants. Il fait des études classiques et s’intéresse assez rapidement aux sciences naturelles plutôt qu’au commerce, auquel sa famille le destinait.
Sa rencontre avec les naturalistes de la société linnéenne de Lyon.
Il fréquente la société linnéenne de Lyon et y rencontre plusieurs personnalités. Il fait la connaissance de l’entomologiste Eugène Foudras et des botanistes Timeroy, Balbis et Seringe. Il hésite longtemps entre l’entomologie et la botanique, puis décide de consacrer sa vie uniquement à la botanique. Ceci est d’autant plus facile qu’il hérite d’un oncle en 1840, lui évitant ainsi de devoir travailler pour gagner sa vie.
Les herborisations dans le Sud de la France.
Dès 1836, il prend l’habitude d’effectuer chaque année un grand voyage botanique qui l’entraîne ainsi tour à tour dans les Alpes du Sud, Les Pyrénées, Les Cévennes, La Corse et l’Italie. Hormis ces expéditions, il herborise régulièrement dans la région lyonnaise. De toutes ces herborisations, il ne fait pas qu’observer les plantes sur place à l’état frais, il récolte des graines et réalise de nombreuses planches d’herbiers.
Dans les mêmes années, il achète en un petit terrain de 4 ares, dans le quartier des Brotteaux à Lyon. Rapidement à l’étroit, il s’installe à Villeurbanne, rue de la viabert sur 6000m². Il achète successivement 4 parcelles contiguës, doublant ainsi la superficie initiale. Ces terrains purent être achetés grâce à l’héritage de son oncle.
Ses études au sein de son jardin à Villeurbanne.
Ayant observé au cours de ses voyages de nombreuses formes végétales qui n’étaient pas signalées dans les ouvrages. Il sème ces échantillons dans son jardin d’expérimentation afin de s’assurer que ces formes sont bien fixées et si le semis en reproduit bien les caractères parentaux.
Les échantillons semés proviennent de ses récoltes personnelles, mais également de ses collègues botanistes et de ses employés qu’il envoie herboriser.
Le protocole de culture dans son jardin botanique est extrêmement minutieux. Le substrat est désinfecté à la vapeur avant semis pour supprimer toute graine adventice. Les semis se réalisent en pots puis sont repiqués en pleine terre. Le jardin est organisé en plates-bandes où chaque lot est soigneusement étiqueté pour faciliter la gestion des collections.
Grâce à ses observations de terrains ajoutés à ses essais en conditions artificielles, Alexis Jordan démontre que des individus de provenance différente, présentant des variations dans leur forme mais appartenant à la même espèce, sont des formes fixées et peuvent être désignées comme de véritables taxons.
C’est ainsi qu’il nomme des dizaines d’espèces. Toutes ces descriptions ont fait l’objet de publications dans les annales de la Société linnéenne de Lyon.
Les espèces affines ou « espèces jordaniennes » qu’on oppose aux « espèces linnéennes » sont nommées « jordanons ».
De ce travail de démembrement des espèces linnéennes, citons la petite brassicacée Erophila verna qui d’une seule espèce, Jordan divisa en 200 jordanons. Dans le cadre des succulentes, Jordan a beaucoup travaillé sur les Sedum et Sempervivum, genres polymorphes au possible. De l’espèce variable Hylotelephium telephium, il en aura fait 26 jordanons.
Ces idées choquent de nombreux botanistes. Certains iront même à ignorer son travail comme Harvet-Touvet qui publie un important mémoire sur les Hieracium en ignorant totalement les observations minutieuses qu’a pu faire Jordan sur ce genre complexe.
Il est évident que la pratique scientifique de Jordan est directement influencée par ses pensées philosophique et religieuse. Catholique très pratiquant, il lit les Saintes Ecritures dans un sens presque littéral. Le regard qu’il porte sur la nature dépend de ce cadre strict. Il est fixiste et créationniste.
Alexis Jordan décède le 7 février 1897 dans sa ville natale.
Il laisse derrière lui un herbier de 400 000 parts dont il ne reste à l’heure actuelle que 75 000 parts. Conservé à la faculté catholique de Lyon, il fut déménagé récemment sur le Campus scientifique de la Doua à Villeurbanne (Université Lyon 2).
Sur les 1700 espèces qu’il a publié (les fameux jordanons), seule une quarantaine de taxons est encore valide dont ses tulipes de la Maurienne et des Violas. La flore succulente n’est pas en reste, puisqu’il il a décrit Sempervivum calcareum et l’hybride Sempervivum x piliferum (S. tectorum subsp tectorum x S. arachnoïdeum).
Toutes ses espèces sont endémiques d’une région de France à l’exception de Carex olbiensis (plante Ouest méditerranéenne).
Une quinzaine de taxons de la flore française lui ont été dédiées dont Centaurea jordaniana Godr. & Gren., Hieracium jordanii Arv.-Touv. et Viola jordanii Hanry.
Influence de Jordan sur la botanique lyonnaise.
Sa nouvelle méthode dite « méthode analytique », rassembla plusieurs botanistes du lyonnais adeptes de ses doctrines. On nomma ces botanistes influencés par Jordan : « école jordanienne ».
Le plus fervent d’entre eux fut Jules Fourreau (1844-1871). Il devient son plus proche collaborateur et nommèrent ensemble un grand nombre d’espèces affines.
Pour finir, citons le botaniste J-E Planchon (1823-1888) qui écrivit : nos flores lui doivent un grand nombre de notions précises sur des espèces excellentes, qu’il a eu le mérite de mettre en lumière en les retirant du chaos des espèces collectives de l’ancienne école linnéenne.
Photo Sempervivum calcareum :
J-L Tasset
http://photoflora.free.fr/
Bibliographie :
Bange C., 2004. Le botaniste Alexis Jordan (1814-1897) à la Société linnéenne de Lyon. Bulletin de la Société linnéenne de Lyon, 73 (1) : 7-24.
Coquillat M., 1947. L'étrange figure d'Alexis Jordan. BULL.SLL.16-9 :188-191.
Dayrat B., 2003. Les botanistes et la flore de France, trois siècles de découvertes : 429-436
FAURE A. et Al., 2007. Herbiers de la région Rhône-alpes 2ème partie : Catalogue des herbiers
Jordan A., 1860. Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues. Annales de la Société linnéenne de Lyon
Nétien G, . 1993. Flore lyonnaise. LVII-LVIII
Nationalité : française.
Auteur
jeff (contacter l'auteur ou écrire aux admins de l'encyclopédie)Fiche créée le 12/03/2008, mise à jour le 24/03/2008.
Fiches de familles :
Aucune.
Fiches de genres :
Apsanthea (Jordan)
Bunioseris (Jordan)
Caloscilla (Jordan & Fourreau)
Diopogon (Jordan & Fourreau)
Fiches d'espèces :
Jovibarba allionii (Jordan & Fourreau) D.A.Webb 1963
Sempervivum allionii (Jordan & Fourreau) Nyman 1879
Sempervivum calcareum Jordan 1849
Sempervivum globiferum ssp. allionii (Jordan & Fourreau) t Hart & B.Bleij 1999
Sempervivum x piliferum Jordan 1849
Sempervivum tectorum ssp. decoloratum (Jordan & Fourreau) B.Bock