Azorella compacta est-ce une succulente ?

radial, c'est une plante qui pousse en très haute altitude dans les Andes. Elle a d'ailleurs des caractères typiques des xérophiles montagnardes : port en coussin très bas, très dense et feuilles très petites et drues. C'est une forme qui protège bien du vent violent, du rayonnement solaire intense, de la sècheresse prolongée, des fortes amplitudes thermiques, de la pression du manteau neigeux. Dans les Alpes, qui ont ce type de port : plusieurs Androsaces (ex : Androsace helvetica), Minuarta sedoides, plusieurs Saxifrages (ex : Saxifraga bryoide et caesia), Silene acaulis, etc.

OK merci, effectivement, rien à voir avec Crithmum, à part la famille.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/03/19 12:27 par radial.

En réponse à Radial : Azorella compacta n'est pas une plante de bord de mer, mais elle est endémique de l'Altiplano sud-américain, ancienne cuvette océanique riche en sédiments salins (entre autres), ce qui la rapproche des plantes halophytes comme le crithnum ou la salicorne. Mais c'est le seul rapprochement, je pense, que l'on peut faire entre ces 2 types de plantes.

Et en réponse à Tom : le plaisir des yeux devant une plante rare n'exclue pas l'envie d'en savoir un peu plus sur sa façon de survivre dans des milieux extrêmement hostiles, et donc sur ses stratégies d'adaptation...

Bonjour fhar,

Bien sûr ! je n'ai jamais dit le contraire ; mon message ne s'adressait d'ailleurs pas à toi.

>elle est endémique de l'Altiplano sud-américain

Endémique, je ne pense pas.
On peut, peut être, en trouver mais il est rare d'en voir en dessous de 4000m d'altitude (l'altiplano est plus bas que ça).
Son aire de répartition déborde largement de cette zone, on en trouve beaucoup plus au sud et plus à l'est.
C'est une plante qui pousse plutôt sur les pentes que sur le plat.


Ici à la limite du Parc National de Los Cardones dans la province de Salta, à 4000m.


alain - 91

bon et toi Alain qui a vu comme moi cette espèce de près quel est ton avis
succulente ou pas ?

Ci-joint un article très pointu sur la révision du genre. Je ne parle pas l'Espagnol mais je comprends un peu l'écrit ; pas eu le temps de tout lire mais page 59, en début de texte, dans la description générale des feuilles du genre, il y a "frecuntemente crasas", ce que je traduis par "fréquemment grasses". Voir si ça concerne bien aussi Azorella crenata v. compacta mais cela rejoint le 1er commentaire de Tom.
[www.researchgate.net]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/03/19 08:56 par pincettes.

richaud a écrit:
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> succulente ou pas ?

Pour cela il faudrait une définition précise de la succulence, car tout le monde ne semble pas d'accord la dessus.

Dans le même ordre d'idée, le Mont Saint Michel est-il en Bretagne ou en Normandie ?

alain - 91

ça c'est plus facile à déterminer :

Mont-St-Michel -> code postal 50170 -> département Manche -> donc ......
Si la succulence c'était aussi simple ...

Phil - Serre adossée plein sud en Val d'Oise et hors gel. Température extérieure rarement sous -8°C.

Merci "Pincettes" pour ce précieux article sur le genre Azorella... Je vais m'y attaquer pour en savoir un peu plus, et le mettre en référence sur le site du CAP dans le petit reportage consacré à l'Azorella compacta que nous avons découverte en Bolivie en novembre 2018...(Bolivie 2018 : Azorella compacta)

Et pour ceux qui pensent que la succulence est une notion évasive :
Pour rester simple, car je ne suis pas botaniste, les 2 caractères principaux de la succulence semblent bien être, d'une part, la présence de tissus spécialisés dans le stockage de l'eau (parenchyme aquifère), et pas dans le stockage d'éléments nutritifs comme c'est le cas pour les oignons, bulbes et autres rhizomes... Et d'autre part, dans les régions où la haute température diurne est un danger pour la plante, l'activation du métabolisme CAM qui assure l'ouverture des stomates pendant la nuit afin d'éviter la déperdition en eau par évapo-transpiration, et remet au lendemain le processus de photosynthèse qui a besoin du soleil. Par ailleurs la succulence peut concerner les feuilles et/ou les tiges, et parfois les racines.



Modifié 3 fois. Dernière modification le 08/03/19 20:47 par fhar.

.. et merci à tous pour nous avoir :
- fait découvrir une plante étonnante et belle,
- appris des choses sur la succulence.




Modifié 1 fois. Dernière modification le 08/03/19 14:19 par radial.

Voici 2 photos prises par Gérard Delanoy.qui alimentent mon doute sur la succulence d'Azorella compacta
à l'ombre donc sans l'influence des UV qui nanifient la plante c'est une rosette type pissenlit
d'autre part je me rappelle que Brian Bates nous disait que l'on s'en servait comme allume feu (présence d'essence ou autre substance inflammable ?)

D' allume feu je ne sais pas, mais j'ai souvenir d'une soirée du côté d'Uyuni où c'était de la llareta sèche qui alimentait le poêle

Et c'était bienvenu vu que dehors il faisait à peu près -15°C

Daniel

Hugh

> Et d'autre part, dans les régions où la haute température diurne est un danger pour la plante, l'activation du métabolisme CAM

Le mode CAM n'est pas réservé aux succulentes, ce n'est donc pas un critère.

Le feuillage des Azorella compacta que nous avons observées en Bolivie est composé de feuilles en rosettes très dures et charnues, qui ne ressemblent pas aux rosettes de pissenlit mais plutôt à de petits Echeverias, d'où la question sur la succulence éventuelle... Comme en témoigne cette photo de Pascal (Ramuncho pour le CF).


Les tiges sont très résineuses et certains botanistes disent avoir observé des gouttes de résine à l'extrémité des feuilles. Cette plante, plus que d'allume-feu, servait de combustible domestique et industriel jusqu'à ce qu'elle soit enfin protégée car menacée de disparition par cet usage abusif.

>Le mode CAM n'est pas réservé aux succulentes, ce n'est donc pas un critère.

Si, à condition qu'il soit combiné avec la présence de tissus stockant l'eau en grande quantité (parenchyme aquifère) et que la plante résiste à la sécheresse prolongée.

Le test pour savoir si une plante est succulente ou pas : laissez-la racines à l'air sur une table pendant des semaines ou des mois ... et si elle est toujours vivante après ça, c'est qu'elle est bien succulente !

On a découvert la présence du métabolisme CAM chez certaines plantes aquatiques. C'est une évolution qui leur permet de ne pas être concurrencées par d'autres plantes aquatiques pendant la nuit en ce qui concerne la captation du CO2. Mais elles ne sont pas adaptées à la sécheresse.

HK

D'accord avec Kuentz, bien qu'on ne puisse pas tirer de conclusion définitive d'une méthode empirique. J'ai constaté par exemple, que des tailles d'Euphorbia geroldii (considérée par certains comme pas vraiment succulente), oubliées dans un vase (sans eau), dehors à l'ombre, avaient toujours leurs cyathes au bout de plusieurs semaines et commençaient à peine à perdre des feuilles. A la même époque et dans les mêmes conditions, ce n'avait pas été le cas pour des xérophytes méditerranéennes en attente de rempotage ; elles avaient séché et étaient mortes.

Faisons le test : que chacun déracine ses Azorella compacta !

Hugh

Nous sommes bien d'accord, car j'entendais naturellement que ce n'était pas un critère à lui seul.

> On a découvert la présence du métabolisme CAM chez certaines plantes aquatiques

Et aussi terrestres en dehors des succulentes il me semble, mais je ne suis pas sûr car j'ai autant de mémoire qu'une pastèque.

Moi-même, je suis succulent à métabolisme CAM : voyez comme la nature s'est montrée créative avec votre serviteur. Mais pour me bouturer, ce n'est pas gratuit !