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14 ans de culture des cactus : partage de quelques réflexions

Forum principal - Envoyé par mrc12 
Bonjour,

Je continue l’exploration de ces 14 dernières années, quittant les semis, pour explorer cette fois ci des domaines plus immatériels.

Pas de tableaux ni d’histogrammes cette fois ci, pas de base de données, mais plutôt des réflexions très personnelles sur le thème de la culture des cactus, questionnements qui m’ont accompagné en permanence tout au long de ces quatorze années, peut-être pas dès le début, à moins qu’inconsciemment, mais venus sur le temps long, progressivement.

Le premier thème que j’ai envie d’aborder, est la relation qu’on a avec les cactus en général, ou dit autrement la perception qu’on a de ces plantes et du coup ce qu’on en fait et comment on le fait. Et pour ça le forum est un outil remarquable puisque chacun vient y exposer ses pratiques, ses incompréhensions ainsi que ses questionnements qui tous sont révélateurs de ces items. Le plus facile est de l’aborder sous la forme d’une sorte de typologie de cactophile, qui n’a de sens, bien entendu, que pour moi. Vous pouvez avoir une perception différente et il sera intéressant que vous le disiez et l’expliquiez.

Je commence par le semeur geek.

Je fais souvent le parallèle entre le hacker informatique qui s’investit et s’ingénie dans le craquage de système et le semeur de graine de cactus qui s’efforce de casser la graine récalcitrante à grand renfort de stratégies, mécaniques (la lime, le papier de verre, etc.), chimiques (les acides standards), sans oublier les pratiques désopilantes que sont par exemple l’utilisation de la crème dépilatoire ou du produit à déboucher les c….. Je me régale à suivre ces expériences, parfois aventureuses, même si souvent j’ai été surpris que le problème initial, la récalcitrante de certaine graine à lever, ne soit pas véritablement interrogé.

Si je laisse de côté les oponces, dont je connais mal la physiologie, il existe un groupe de plantes, parmi lesquelles se trouvent quelques Mammillarias, qui ne libèrent pas leurs graines après fructification mais les conservent incarnées et difficilement accessibles. Il n’est pas nécessaire d’être un grand naturaliste pour comprendre qu’il s’agit d’une stratégie adaptative et qu’il y a de grande chance pour que la levée de dormance de ces graines soit différée dans le temps. Ce n’est pas un hasard si ce sont ces graines-là qui posent problème aux semeurs et nous valent ces acharnements parfois si drôles mais aussi ces séances d’extraction au forceps parfois mutilantes qui vont bien entendu contre nature. Le semeur geek est-il pressé ? Par quoi ? Par qui ? Et si tout simplement nous laissions le temps au temps. Je n’ai pas la réponse certaine au problème posé, mais de façon déductive, observant des graines incarnées, des relâchés différés (il me manque la notion de durée), je soupçonnerais qu’il faut attendre, ne pas se précipiter à semer ces espèces-là, respecter le cycle naturel de la plante.

Je reviens donc sur l’introduction de ce thème, sur le regard qu’on porte sur nos plantes et surtout ce que ce regard induit sur nos pratiques. Je ne peux pas me mettre à la place d’un semeur geek, donc penser à sa place, je constate juste que la façon dont je regarde le problème me conduit sur d’autres chemins.

A bientôt pour la suite.

Marc (des Vallées)
Bonjour,

Je continue avec le substrat. Sujet parfois sensible ! Je crois, sur ce forum, ne jamais avoir vu de sujets provoquant autant de réactions épidermiques. Je vois quelques catégories de cactophile se détacher, non pas universelles mais juste pilotées par ma seule sensibilité à certains aspects, c’est donc orienté. Il en existe probablement d’autres.

Les acidophiles. Ils ne supportent pas le calcaire et le paradoxe est qu’il va falloir parler du calcaire pour les cerner ! Et oui je remets une pièce dans la machine et j’arrose avec de l’engrais (une fois n’est pas coutume) le marronnier. Je ne comprends pas pourquoi le simple fait d’évoquer la culture de cactus calcicoles (ou calciphiles) sur substrat calcaire peut provoquer autant d’affirmations impératives et fausses. Je pense utile de rappeler que les plantes calcicoles poussant dans leur milieu naturel calcaire ne meurent pas à petit feu, mais y pérennisent leurs lignées depuis des millions d’années. Revenons sur une affirmation souvent avancée par le clan acidophile, qui voudrait que les plantes calcicoles ne sont pas calciphiles de nature mais devraient leur implantation en domaine géologique calcaire à la seule pression de la concurrence qu’imposeraient d’autres plantes, leur interdisant l’occupation des sols acides. C’est expédié un peu vite ce que la vie nous montre à tout niveau, sa capacité à investir toutes les niches écologiques possibles, y compris les plus improbables, sans que la compétition ne soit forcement le moteur ou l’inducteur. On peut changer de paradigme et tout aussi bien avancer que les cactus qui évoluent sur substrat calcaire sont en phase dynamique de peuplement ce qui est l’inverse d’une situation résiduelle en refuge. D’autre part des plantes calcicoles qui ne se développent pas correctement sur substrats acides existent, de même que d’autres qui passent de l’un à l’autre sans sourcilier, autant d’exemples qui montrent la variété des situations et nous incitent à penser plus large.

Les expérimentateurs. Ils ne sont pas si nombreux à se déclarer. Ces démarches nécessitent de l’expérimentation sur le temps long, doivent mobiliser d’important corpus de plantes et donc peu se lanceront dans cette aventure dispendieuse en place et en temps.

Les optimiseurs pragmatiques. J’avais il n’y a pas si longtemps, utilisé l’expression «producteur maraîcher», pour imager le parallèle que je faisais avec ce principe de culture. Peut-être maladroite cette expression n’en reste pas moins juste techniquement, tant les objectifs des uns et des autres semblent similaires, produire de belles plantes qui poussent vites – peu importe qu’elles soient comestibles ou décoratives – avec un minimum de complication, soit un rapport investissement rendement optimisé. Quel est le principe pour les cactus ? C’est difficilement plus simple, un substrat totalement minéral, très drainant, avec une perfusion d’engrais chaque semaine. Le résultat, si j’en crois les plantes qu’on nous montre régulièrement, est excellent ou tout au moins bluffant. Au-delà de la simplicité, il ne m’a pas échappé que ce type de substrat peut avoir un intérêt en culture extérieure, afin de favoriser le séchage rapide des pots exposés aux intempéries. On pourrait bien sur discuter de ce qu’est un résultat excellent, le regard qu’on porte sur les plantes et ce qu’on attend des plantes qu’on cultive étant bien sûr au centre de l’appréciation.

Les naturalistes rêveurs et utopistes. Je pourrais commencer ce paragraphe par les derniers mots du précédent. Certains se contentent, dans une approche intermédiaire, de simplement surfacer le pot afin de le présenter comme dans le biotope, ce qui peut être intéressant pour restituer le mimétisme d’une plante ou illustrer son environnement particulier. Pour d’autres le principe est de transposer dans le pot ce qui s’observe dans la nature en terme de composition du substrat (granulométrie et géologie), dont on comprendra qu’elle ne peut être approchée qu’à peu près sans jamais coller à la stricte réalité. C’est un biais. L’autre biais qui me semble plus important, est qu’on ne restituera pas dans l’environnement confiné d’une poterie l’effet de masse que produit un vrai sol et qui sur les racines aura un impact considérable, qu’on mesure difficilement, mais qu’on entrevoit quand même lorsqu’on « libère » les plantes dans une « pleine terre ». Alors ! A quoi bon se prendre la tête à bricoler des substrats comme là-bas si d’emblée on sait que reconstruire en pot les conditions d’origine est une utopie ? Sur un plan productiviste ou rationaliste, ça ne sert évidement à rien. On retourne inexorablement au thème de départ, c’est à dire le regard qu’on porte sur les plantes et pourquoi on s’y intéresse. La principale raison serait le souhait d’obtenir une plante qui ressemble à ce qu’elle est dans son habitat naturel, en lui offrant des conditions approchantes, plutôt qu’à une montgolfière bodybuildée. C’est donc affaire de gout (c’est quoi une belle plante ?) et ce gout renvoie pour les naturalistes rêveurs, d’une part à leur sensibilité pour la nature telle qu’elle est, et d’autre part à l’idée que l’observation d’une espèce (animale ou végétale) n’a de sens que reliée à son environnement naturel vu au sens large.

« Acidolâtres », naturalistes rêveurs, productivistes, ont un point commun, ils aiment les plantes … mais ne les envisagent pas de la même façon !

Marc

(Arides 2006 n°308, CF depuis octobre 2006)
Occitanie. Altitude 550m, Zone de rusticité 8a.
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Re: 14 ans de culture des cactus : partage de quelques réflexions
dimanche 2 mai 2021 12:18:46
Bonjour Marc,

J'ai l'impression que tu aimes te torturer les méninges MdR, PdR (lol) et j'avoue que j'ai un peu de mal à te suivre dans tes raisonnements( n'y vois pas là une critique) mais j'avais envie de prendre 5 min pour réagir sur un point.

On retourne inexorablement au thème de départ, c’est à dire le regard qu’on porte sur les plantes et pourquoi on s’y intéresse. La principale raison serait le souhait d’obtenir une plante qui ressemble à ce qu’elle est dans son habitat naturel, en lui offrant des conditions approchantes, plutôt qu’à une montgolfière bodybuildée. C’est donc affaire de gout (c’est quoi une belle plante ?) et ce gout renvoie pour les naturalistes rêveurs, d’une part à leur sensibilité pour la nature telle qu’elle est, et d’autre part à l’idée que l’observation d’une espèce (animale ou végétale) n’a de sens que reliée à son environnement naturel vu au sens large.

Pour ma part, je me contrefiche complètement de l'aspect " botanique, biotope...". Simplement parce que ça demande un investissement personnel important en terme de recherche, documentation... et que ça reste une approche "intellectuel" qui ne me correspond pas du tout.
Ce qui m'attire le plus dans cette passion, c'est le fait de "travailler " avec du vivant, de le voir évoluer au fil des saisons, années. Bref, j'aime la simplicité et je n'ai vraiment pas la prétention de vouloir reproduire un biotope ou sauvegarder une espèce.
Les passionnés qui ont de vrais connaissances en botanique et qui ont une approche limite "scientifique", je ne pense pas que ce soit la majorité même si c'est vrai il y en a quelques uns.

A+
Adrien
Merci Bidou pour ton retour et désolé de répondre si tardivement. Pas de soucis par rapport à ton positionnement, chacun fait comme il veut et comme il le ressent, j’ai d’ailleurs indiqué que mes digressions s’organisaient autour de réflexions très personnelles pilotées par ma propre sensibilité, ça ne peut donc pas (forcement) couvrir les ressentis et les motivations des autres. C’est seulement dommage qu’il n’y ait pas plus de retour comme le tien.

Marc

(Arides 2006 n°308, CF depuis octobre 2006)
Occitanie. Altitude 550m, Zone de rusticité 8a.
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Re: 14 ans de culture des cactus : partage de quelques réflexions
lundi 10 mai 2021 16:28:06
Bonjour Marc,

J'ai l'impression de jouer au mastermind avec mes plantes. Je m'explique : je modifie plusieurs conditions (substrat, ensoleillement, arrosage, engais, ...) et d'un coup ma plante se porte mieux (ou moins bien, malheureusement parfois). Question : quelle condition est à l'origine du changement ? D'où des intuitions, des paris et des écoles. Car l'expérimentation qu'on effectue laborieusement sur de longs mois ne produit pas assez de données pour permettre des statistiques infaillibles. On ne génère pas du big data. Il faut donc essayer de théoriser un peu à l'emporte-pièce surtout quand on n'est qu'un amateur qui n'y consacre qu'une partie de son otium. Il y a ceux qui ont la main verte et qui sentent vite les choses et puis ceux qui ont besoin de beaucoup d'echecs (comme moi clin d'oeil ) pour apprendre. Les plantes ont aussi une capacité d'adaptation à des conditions non idéales qu'il faut savoir decrypter.

On apprend aussi par le conseil des autres par une sorte de mise en commun d'expériences. Mais ce n'est pas simple. Le vocabulaire n'est pas sans ambiguité. Il peut y avoir des gens qui partagent des conclusions hatives. Les conditions (exposition, terre de jardin) sont particulières à chacun. Il faut savoir coupler avec sa propre expérience. Par exemple, j'ai compris qu'il n'existe aucune plante qui aime le plein soleil sans limite. Je garantis que dans ma serre bien exposée, je fais brûler n'importe quel cactus par grand soleil si je ne mets pas de voile. Pourtant, quand je lisais "plein soleil accepté", je ne prenais aucune précaution.

S'intéresser à l'habitat des plantes qu'on cultive n'est pas une mauvaise idée pour comprendre comment bien s'en occuper. Je pense que c'est même essentiel si on veut cultiver des espèces délicates. Mais, il faut étudier ça avec soin. J'ai cultivé les copiapoa en considérant qu'en tant que plantes du désert, elles aimaient beaucoup le soleil. et j'ai tout brulé... Finalement le désert d'Atacama n'est pas vraiment brûlant et reste assez brumeux. Je retenterai en essayant d'en tenir compte.

Ton message évoque au fond la question de la motivation du cultivateur amateur. C'est une introspection délicate. A priori, je me classerait plutôt dans ta catégorie des "naturalistes". Disons, que j'ai envie de connaitre une plante dans ses comportements (se défendre des agressions extérieures, croitre, se reproduire). J'aime l'idée qu'elle me révèle l'histoire de son espèce qui pendant des millions d'année s'est acclimatée à des conditions particulières. Elle a son cycle. Ce n'est pas juste une forme esthétique, c'est un être vivant optimisé pour la survie et la reproduction. C'est sans doute pour ça que je m'intéresse peu aux cultivars et hybrides et tout ce qui est du aux modifications par l'homme. J'ai des lobivia ferox qui sont passées par une séquence des formes et des couleurs assez dingue en raison des conditions bizarres que je leur ai fait subir involontairement. J'ai l'impression que la plante m'a fait la démonstration de la panoplie d'adaptations dont elle est capable.


Arnaud - Chartres (28)
Serre exposée sud est maintenue à 5° en hiver
photos de mes plantes
Bonjour Arnaud et merci pour ton retour.

> A priori, je me classerait plutôt dans ta catégorie des "naturalistes".

> C'est sans doute pour ça que je m'intéresse peu aux cultivars et hybrides et tout ce qui est du aux modifications par l'homme

Oui c’est un excellent critère d’identification ! clin d'oeil

Marc
(Arides 2006 n°308, CF depuis octobre 2006)
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Re: 14 ans de culture des cactus : partage de quelques réflexions
jeudi 13 mai 2021 07:02:27
, Marc, tes archétypes sont très intéressants. Ces sont des axes de mesure sur lesquels on peut tous se placer plus ou moins.
Par exemple, je suis :
naturaliste modéré car je préfère les espèces sauvages mais ne refuse pas les cultivars
Faiblement pragmatique et pas geek car je ne cherche pas à maximiser les levées de mes semis.
Pas du tout acidophile, car j'arrose mes plantes à l'eau du robinet, qui est très calcaire.

Si le CF était une entreprise commerciale, on demanderait à chaque membre de renseigner son score selon chacun de ces axes. Ces infos seraient ensuite exploitées pour nous envoyer des publicités ciblés.
Mieux encore : avec un algo de 'machine learning', de déduire ces scores des contributions des membre sur le forum.
@Yann : non, non,, pas taper, pas taper ! . Désolé, déformation professionnelle..... C'est juste pour montrer à quoi on échappé ici.

Pour revenir au sujet : quelles sont tes typologies de débutants ?
Entre celui qui pleure la mort de son euphorbe achetée en supermarché et placée dans sa salle de bain, et celui qui achète tout le matos professionnel et poste mille demandes de conseil pour cultiver une plante increvable qui se débrouillerait bien tout seule ?
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Re: 14 ans de culture des cactus : partage de quelques réflexions
samedi 15 mai 2021 10:56:45
Bonjour
Bravo pour toutes ses reflexions certaines sont partager d autres m..... enfin la cactophillie est une passion et un divertissement loin derriere des industriels bien que beaucoup dans ce milieu sont des passionnes ou le deviennent
ex . Kuentz Cactus passion et d autres..... on peut pas tous les cites
enfin bonnes floraisons
Cordialement
Sergius31
Bonjour,

> Pour revenir au sujet : quelles sont tes typologies de débutants ?

Je n’en ai pas et n’en cherche pas. L’extrospection des débutants ne me motive pas. Leurs comportements et questionnements sont prévisibles et normaux du fait de leur manque de connaissance. Ce serait trop facile et peu significatif. Par contre celle des plus anciens, qui ont de la pratique, de l’expérience, me semble plus riche d’informations sur nos pratiques cactophiles en générale.

Marc

(Arides 2006 n°308, CF depuis octobre 2006)
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Re: 14 ans de culture des cactus : partage de quelques réflexions
dimanche 16 mai 2021 19:40:21
Vous n'avez pas décrit les serial hybrideurs.
Peut être le côté le plus artificiel de la passion. Toutes les espèces ne permettent pas de développer des cultivars mais c'est un espace de créativité infini. C'est un travail différent et admirable aussi
Bonjour,

Le sujet du jour : collection et comportement.

Je continue mon exploration du monde extraordinaire et étonnant des cactophiles. Quelques aspects seulement, c’est loin d’être exhaustif, mais c’est toujours très personnel.

En me demandant comment j’allais lancer ce sujet, je revoyais défiler ces post qui nous montrent parfois par dizaines la même espèce de plante, déclinée sous de multiples références de collecte, ces alignements quasi parfaits et très militaires de même taxon, qui m’évoquent invariablement un comportement alimentaire : la « boulimie », ce qui m’incite à créer un néologisme de circonstance : la « cactolimie ».

Boulimie (définition Ameli.fr) : se caractérise par des prises compulsives de quantités importantes de nourriture suivies de comportements compensatoires (vomissements, prise de laxatifs, jeûne ou exercice physique excessif...).

« Cactolimie » : se caractérise par des semis et des achats compulsifs de cactus en quantités importantes suivis de comportements compensatoires (achat et agrandissement de serre, bricolages bizarres, diffusion des excédents …).

La « cactolimie » a ses gimmicks ou conventions. Pour le principal, il est de bon ton de prédire à un nouvel adepte qu’il n’a pas créé une serre assez grande, qu’il va lui en falloir bientôt une seconde. L’aspect quantitatif semble bien au cœur des préoccupations ou des fantasmes.

Le lancement est réalisé, en tout cas pour ce qui concerne l’aspect quantitatif. Il y a parmi nous des adeptes du tout cactus, les « cactolimiques » éclectiques, mais ce sont les adeptes de genres, de séries, les « cactolimiques » spécialistes qui m’intéressent le plus. Parfois d’ailleurs ils sont les deux et là je m’inquiète ! Cela reste un mystère, mélange d’étonnement, d’amusement, d’admiration et d’incompréhension. Ils nous montrent beaucoup (pas de soucis avec ça) mais n’expliquent pas trop leur démarche. C’est frustrant. Que recherchent-t-ils ? On aimerait comprendre la finalité. Il n’y en a peut-être pas. L’idée de réunir pour un même taxon un éventail de références de collecte aussi large que possible pour observer la variabilité d’une espèce me plait bien et se comprend. Je suppose qu’il doit y avoir de ça dans la démarche, et si ce n’était pas le cas, j’attends avec curiosité qu’on nous livre une autre explication. L’idée d’explorer en totalité un genre particulier parle aussi et là encore on aimerait que la démarche soit enrichie par le partage de la motivation initiale au-delà des images de plantes, toujours sympathiques, dont on nous alimente à profusion. On ressent finalement, au travers du filtre déformant qu’est le forum, que ceux qui se présentent comme « passionnés » se contentent de rassembler le maximum de plantes sans qu’une motivation particulière ne transparaisse et ne soit déclarée. C’est dommage. Mon objectif est d’explorer la totalité du genre Turbinicarpus. Mes motivations et raisons sont les suivantes : plantes petites donc faciles à loger (stigmate de mon passé de cactophile citadin), croissance lente (pas de risque d’envahissement), culture sans trop de difficulté, plantes facilement florifères, floraison souvent remontante d’avril à octobre, se sème facilement, grande variabilité d’aspect, plantes calciphiles (ça c’est juste pour le plaisir de l’écrire, ce n’est pas vraiment mon critère de motivation), un nombre d’espèces raisonnable ainsi qu’une littérature de qualité, abondante et détaillée, permettant de bien comprendre les plantes dans leur environnement naturel. Vous l’aurez compris je ne suis surtout pas expansionniste en matière de conservation des cactus, ne recherche pas forcement la complication et suis attaché à bien les situer et bien les comprendre dans leur milieu naturel.

Une transition toute trouvée par l’emploi dans le paragraphe précédent du terme « conservation » plutôt que celui de « collection » qui personnellement ne me choque pas, mais qui renvoie cependant à un aspect affectif qu’avait souligné un des participants à ce forum faisant valoir que le regard qu’il portait sur ses plantes n’était pas différent de celui qu’il adressait à ses chats et qu’il ne collectionnait pas ses chats. C’est clair, on ne « collectionne » pas tous de la même façon.

L’aspect conservatoire, s’agissant de plantes rares où en difficulté dans leur biotope, est une autre motivation parfois avancée pour en justifier la collection. L’idée de maintenir en vie un taxon disparu dans la nature est gratifiante pour l’amateur qui ne manque pas de s’en servir pour justifier sa pratique. Ne serait-ce pas qu’une bonne action en trompe l’œil ? On ne sauve une espèce de plante où d’animal que si on a pu assurer la pérennité de son écosystème. Ces individus à sauver n’ont de sens du point de vu sélectif que via toutes les interactions qu’ils peuvent avoir avec le reste de la faune, de la flore, des éléments géographiques et météorologiques. C’est une illusion que de croire sauver quoi que ce soit dans un pot en plastique ou en terre… tout au mieux on en fait des plantes de foire, de galerie ou de juteux bénéfices commerciaux. Au mieux, l’hypothèse de la régénération a posteriori des biotopes disparus est un argument, c’est possible en effet, mais combien d’espèces auront, en captivité et entre les mains des cultivateurs amateurs, conservé le patrimoine génétique qui va bien du fait de la sélection fréquente de caractères flatteurs par les collectionneurs, d’hybridations larvée ou orientée, etc… ? Mais peut-être suis-je trop pessimiste.

A suivre (peut-être) si je ne vous ai pas encore trop fatigué et si l’inspiration me (re)vient.

Marc

(Arides 2006 n°308, CF depuis octobre 2006)
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