Madagascar 2024 : Ambalavao - Ihosy

[Tom]

Le moindre écobuage, un glissement de terrain, voire la foudre qui tombe, et c'est une espèce qui disparaît.

[richaud]

cette disparition est peut-être encore plus accentuée à Madagascar ou pas mal d'espèces ont une aire de répartition très réduite

[Tom]

Forcément, si l'on fragmente à l'infini et que l'on voit plein d'espèces partout.

[ericdumans]

On connait bien ton point de vue Tom, inutile de le répéter tout le temps.
Mais peu importe ce que l'on pense de la classification, le vrai problème est que de grandes surfaces perdent leur flore et faune. Peu importe le nom que l'on leur donne.

[Tom]

Oui, peu importe, flore et faune se renouvellent, rien n'est figé, mais ça aussi nous l'avons déjà redit.

[laurent12]

le vrai problème est que de grandes surfaces perdent leur flore et faune

De quel problème s'agit-il exactement?!? De l'expansion de l'urbanisation et de la maîtrise des territoires au détriment d'espace "naturels" et de la biodiversité qui les compose?

Comme en troisième couronne de nos villes et villages français où le bétonnage intensif multiplie à grande allure les résidences spacieuses, les piscines insolentes et ... les serres tropicales!

Nous parlons d'un des pays les plus pauvre du monde! Contester - ou modérer - leur droit à l'expansion du fait de l'impact important sur la biodiversité doit aller de paire avec une interrogation concernant notre niveau de vie, rarement posée sur le forum...

[Tom]

Eh oui ! l'on est triste de voir des terrains défrichés, et en même temps l'on recherche les produits à bon prix provenant parfois desdits terrains...
Mais sans trop sortir du sujet, de l'euphorbe épineuse, plus ou ou moins caulescente, avec cyathophylles jaunes, roses, rouges, marbrés... il y en encore un peu, non ?

[richaud]

pour Madagascar il n'est pas question de défrichage pour de la culture mais de cette peste qu'est le feu
avant le village décidait de bruler une colline et tous les habitants faisaient un coupe feu de plusieurs mètres autour de cette colline avant de la bruler et seulement cette colline subissait l'écobuage
j'ai seulement vu une exception vu lors d'un des mes voyages la vallée de bMandrtsara ou le brulis controlé est toujours pratiqué (du moins quand je l'ai visité maintenant ??)

maintenant tout le monde a une allumette et allume un feu qui va bruler 10 M2 ou 10-100 ha
et quand on avait discuté avec des villageois qui étaient venu nous voir dans notre campement sur les hauts plateaux ou on leur demandait si l'herbe brulée tous les ans n'était pas plus maigre il nous disaient oui et quand on leur a demandé pourquoi ils continuaient la réponse "nos ancêtres faisaient comme çà alors on continue " et les lavakas sont de plus en plus nombreuses et emportent des collines entières et les routes
sans compter sur les bois décimés pour faire du charbon de bois qui sert pour le chauffage et la cuisine

[philippe]

Pour Tom: Euphorbia fianarantsoae, duranii... Pourquoi pas. Mais pseudodidiereoides est vraiment distincte, rien à voir. D'ailleurs contrairement aux deux premières, elle pousse sur un sol calcaire.
Pour ceux qui pensent que les malgaches doivent brûler pour survivre, le dernier message de Philippe Richaud est parfait. J'ajouterai juste qu'Haiti a fait de même et est aujourd'hui le pays le plus pauvre du monde. A comparer avec leur voisine, la République Dominicaine qui a su se développer et a conservé ses forêts. Et contrairement aux Malgaches dont certains disent que leur pauvreté vient de la colonisation alors que les français ont laissé des infrastructures importantes, aujourd'hui totalement dégradés ou même détruites par défaut d'entretien, Haïti est indépendante depuis bien longtemps. A un Malgache à qui je ventais le développement récent du Pérou, que m'a-t-il répliqué : 'mais ils sont indépendants depuis combien de temps ?' Alors que cela n'a rien à voir. Au fond le malheur de Madagascar ce sont ses dirigeants plus occupés à s'en mettre plein les poches et à détourner une grande partie des aides internationales qu'à développer le pays en préservant sa nature. Car les deux sont liés.
Madagascar est un pays merveilleux à visiter mais déprimant quand on constate la disparition de certains sites ou les quelques lambeaux de forêt primaire encore en sursis. Et toutes ces destructions ne font que rendre cette île encore plus pauvre et plus proche de la situation d'Haïti. Ce qui sauvera peut-être cette île ce sont ses ressources minières qui appatent la Chine, mais cela ne sauvera pas la nature.
Nous y reviendrons plus tard dans le voyage pour vous parler du sort des tortues de la réserve de Berenty, n'est-ce pas, Christophe. C'est à pleurer.
Philippe

[richaud]

ce qu'il reste de la France à Madagascar ce sont les bornes kilométriques blanches à tête jaune qui sont échouées le long des nationales défoncées
nationales dont certaines parties sont rénovées par la Colas qui est payée directement par l'aide internationale car lorsque l'aide était versée au gouvernement il y avait une énorme évaporation
des fonds

[Tom]

La description originale précise qu'E. pseudodidiereoides pousse sur rochers quartzitiques.

[pincettes]

La pratique de l'écobuage est un savoir ancestral qui s'est perdu ; en partie parce-que les systèmes de production agricole ont changé, comme partout.
Sans vouloir entamé une polémique, ni polluer le sujet, c'est juste une parenthèse, un exemple... Mais dans certains pays comme la Nouvelle-Calédonie, ce sont les colons qui ont pratiqué des incendies dévastateurs pour défricher à tors et à travers. Les natifs, sous "régime de l'indigénat" ont vu leurs droits à ce sujet très réduits, ce qui n'a pas dû faciliter la transmission de ce savoir.
(j'y ai de la famille depuis plus de 50 ans dont un cousin, aujourd'hui à la retraite, ingénieur en agroforesterie)

[pincettes]

Concernant Euphorbia pseudodidiereoides, Tom a raison. Extrait de la description originale :
L’espèce n’est donc connue que d’un unique
massif quartzitique, dans une région essentiellement
constituée d’inselbergs granitiques et de savanes,
et où ce type de substrat est rare.

[richaud]

l'écobuage ancestral s'est perdu car avant dans les villages il y avait une autorité qui décidait ;ce qui allait être brulé et çà a disparu
plus de règle tout le monde fait ce q'il veut il n'y a plus de communauté

[philippe]

Autant pour moi (au temps pour moi ), je voulais effectivement dire sur rochers de quartz, pour Euphorbia pseudodidiereoides. J'y étais pas plus tard que novembre
Par contre on l'a trouvé sur une crête de quartz à une trentaine de kilomètres du site connu d'origine.
Philippe

[Tom]

Ce qui veut donc dire, philippe, que, dès que l'on retrouve à peu près les mêmes conditions, nous retrouvons E. pseudodidiereoides. Et entre deux, les conditions étant différentes, nous trouverons la même espèce forcément différente et donc sous un autre nom.
Peu importe, je ne pense pas que la nature du sol fasse l'espèce, surtout lorsque les conditions sont plus ou moins rudes : les euphorbes ne peuvent faire les délicates, sous peine de disparaître.

Sans aller bien loin, notre Euphorbia characias pousse de 0 à 1000 m d'altitude, dans des sols acides, neutres ou alcalins, avec forcément une bonne variabilité (20 à 120 cm de hauteur, et une inflorescence en conséquence). Je prélevai un semis dans l'argile rougeâtre d'un bord de chemin, parmi d'autres semis spontanés provenant de plantes installées dans un jardin mitoyen rocailleux, et je le repiquai dans une jardinière de vieux terreau cartonneux : la plante me prépare sa floraison.

DSCF4612.JPG

[philippe]

C'est un peu plus complexe que cela. Quand on est sur le terrain on constate que certaines espèces sont très adaptatives, capables de pousser dans des milieux différents et que d'autres sont spécifiques de certains milieux. C'est le cas de cette Euphorbia pseudodiereoides, par ailleurs très différente des deux autres citées.

Je l'ai constaté par exemple au Pérou: Matucana myriacantha pousse aussi bien en milieu frais qu'en milieu chaud alors que Matucana aurantiaca ssp. aurantiaca ne pousse qu'en milieu frais, Matucana formosa qu'en milieu chaud et Matucana intertexta... qu'à la confluence de l'air froid descendant de la montagne et de l'air chaud qui remonte des vallées interandines!

Le milieu peut être source de distinction d'espèce. Haageocereus pacalaensis et Haageocereus repens se ressemblent comme deux goutes d'eau et poussent à moins de 10km de distance. Mais le premier pousse sur des rochers et le second dans le sable. Au pied du rocher où j'ai trouvé Haageocereus pacalaensis il y a du sable et il est évident que les fruits de ces Haageocereus doivent de temps en temps rouler jusqu'au sable. Pourtant aucun Haageocereus ne pousse dans le sable au pied des rochers. C'est un indice de spéciation et, sans utiliser cet indice, Natalia Calderon estime aussi ces deux espèces distinctes.

Une petite récréation pour finir (et dédicace en passant à Aurore), quand la vie et la mort sont si proches, mais si tu peux m'identifier les acteurs de cette photo, je suis preneur

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Philippe.

[pincettes]

Eros et Thanatos

[Tom]

Mais tout dépend des terrains, philippe, l'on fera deux poids, deux mesures entre ici et là.
Je vois Peucetia lucasi lysant Euryomia argentea ; quant aux criquets, laissons-les tranquilles.

[philippe]

Merci