L’utilisation en genre et en nombre des noms botaniques, un sujet qui revient en boucle dans tous les forums de plantes…
Sans vouloir froisser ceux qui les ont rédigés, un bon nombre des messages qui précédent sont bâtis sur du
sable et apportent des réponses plus ou moins hors-sujet.
Pourquoi ?
Parce que, pour répondre à une telle question, il faut d’abord définir ce dont on parle, c’est-à-dire qu’est-ce qu’un nom de plante ? La réponse à cette question apporte
ipso facto la réponse à la question initiale « un ou une ? »
Rappelons donc qu’un nom botanique de plante (en pratique un nom d’
espèce, tous les autres en dérivent) est un nom propre original attaché de manière définitive à un
spécimen UNIQUE conservé de manière pérenne (
exsiccatum ou
in spiritu) quelque part (
herbarium) et désigné comme
spécimen-type (
holotypus, lectotypus, neotypus…) par un auteur qui l’a associé à une courte description diagnostique (
diagnosis) validement publiée. Ce type nomenclatural régit ensuite à lui seul l’application du nom (ce n’est pas moi qui le dit, c’est le Code de
Nomenclature) ce qui signifie que toute utilisation du nom autre que pour désigner le
spécimen lui-même est une RÉFÉRENCE subjective à ce
spécimen unique.
Supposons une
espèce dénommée
Machinchosa trucmuchiana. Il faut bien comprendre qu’il n’existe qu’un seul « bidule » sur la planète qui porte ce nom : le
spécimen-type qui a été dénommé ainsi.
Machinchosa trucmuchiana c’est ce spécimen, lui seul et rien d’autre !
Donc, quand on dit, pense ou écrit « un/une
Machinsosa trucmuchiana », on utilise une expression qui n’a strictement aucun sens si on la considère au sens littéral. En effet, il est grammaticalement incorrect d’accoler un article indéfini à un nom propre et sémantiquement incorrect de parler d’un bidule unique comme s’il en existait plusieurs !
Cette expression «
un/une Machinsosa trucmuchiana » ne prend son sens que si on la considère pour ce qu’elle est en réalité : une tournure elliptique pour «
un individu assimilable au type
Machinsosa trucmuchiana » ou «
une plante rattachable au type
Machinsosa trucmuchiana » ou «
un exemplaire se référant au type
Machinsosa trucmuchiana » ou toute autre formulation
synonyme à la convenance du locuteur.
Idem pour le pluriel, «
des Machinsosa trucmuchiana » est une ellipse sous-entendant «
des individus assimilables au type
Machinsosa trucmuchiana » ou formule équivalente. Mettre ou considérer un nom scientifique de plante au pluriel, que ce pluriel soit sous forme latine ou française, est une incompréhension absolue des principes du nommage des plantes !
Utiliser l’article indéfini masculin ou féminin, singulier ou pluriel, dépend donc du substantif qu’on désire sous-entendre dans cette ellipse mais cet article n’a AUCUN LIEN GRAMMATICAL avec le genre grammatical du nom latin de la plante. Le genre grammatical de ce dernier n’a d’importance que pour l’accord des épithètes intégrées au nom et c’est tout.
En conclusion, pour désigner un nom botanique par
un ou
une, on dit ce qu’on veut suivant l’humeur du jour et ses préférences personnelles et on peut passer du masculin au féminin dans la même phrase sans que cela soit incorrect ni même inélégant.
Bref, cette sempiternelle question « un ou une ? » est un non-sujet mais l’important est de bien comprendre pourquoi c’est un non-sujet.
Évidemment, ce qui précède ne concerne que les noms scientifiques utilisés en tant que tels, car les
noms vernaculaires et les noms scientifiques passés dans le langage
vernaculaire sont des
noms communs français comme les autres qui s’accordent en nombre et avec un genre grammatical fixé par l’usage, souvent masculin. Ils s’écrivent alors sans majuscules et avec des accents (ex. : un, une, des
Begonia > un bégonia, des bégonias).